La notion de "frontière" entre enracinement identitaire et quête altéritaire dans Un génial imposteur de Kébir-Moustapha Ammi et La perle des Comores de Coralie Frei

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La notion de "frontière" entre enracinement identitaire et quête altéritaire dans Un génial imposteur de Kébir-Moustapha Ammi et La perle des Comores de Coralie Frei

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Title: La notion de "frontière" entre enracinement identitaire et quête altéritaire dans Un génial imposteur de Kébir-Moustapha Ammi et La perle des Comores de Coralie Frei
Author: Moussa Idrisse
Abstract: Définir la notion de « frontière » par rapport à la distance qui sépare l’identité de l’altérité sous-entend quelque part qu’il est question de limites et de barrières. Or, il n’en est rien – ou du moins pas seulement – car la notion de "frontière" va au-delà de ses propres frontières. Certes dans cette conception particulièrement géographique, la notion de "frontière" introduit plutôt des "murs" – réels ou imaginaires – sous forme d’obstacles pour dé-limiter, d’un espace à un autre, le passage de la frontière. Mais cette « limitation périphérique » ne définit pas à elle seule la frontière en tant que notion, puisqu’elle ne prend pas en compte ce qui vit dans le "dedans", comme nous le fera remarquer Demangeon : « La frontière ne se fixe pas sur des obstacles matériels qui en feraient comme un mur de défense mais au contraire elle se calque sur ce qui vit au-dedans » L’objet de cette recherche a été justement de mettre en exergue la notion de « frontière » dans une relation particulièrement altéritaire. C’est-à-dire, interroger des limites usuellement géographiques dans un champ principalement littéraire. Cette mise en relation entre frontières, à la fois limites et figures altéritaires, a consisté à démontrer clairement comment la frontière en tant que notion nourrit l’échange entre l’identité et l’altérité, tout en privilégiant la rencontre (au-delà) de l’horizon. Cela présuppose, entre autres, que la « frontière » n’est pas seulement une notion de limites et de conflits, mais un lieu d’échanges et d’interactivités. Notons d’ores et déjà qu’il nous faut différencier la "frontière" en tant que notion de la "frontière" en tant que limites, murs et barrières. En effet, la "frontière" tout court est une « limitation périphérique » alors que la frontière en tant que notion, et notamment dans sa conception littéraire, insiste surtout sur la relation entre l’identité et l’altérité. Ce rapport que nous qualifierons d’altérité, pour ne pas dire d’adversité, fait appel à l’espace de l’ici opposé à l’ailleurs – qui, à son tour, introduit le « mur » de l’horizon. C’est dans ce champ du frontalier, entre autres, que s’inscrit notre réflexion : « la notion de "frontière" entre enracinement identitaire et quête altéritaire dans Un génial imposteur de Kebir-Moustapha Ammi et La perle des Comores de Coralie Frei. » Le choix de ce sujet repose sur plusieurs raisons. D’abord, parce que la notion de "frontière" est devenue une « obsession » du monde, notamment dans le domaine de la littérature où la question de l’altérité obsède homme de lettres, poète et écrivain. Ensuite, parce qu’elle contribue, d’une façon ou d’une notre, à remettre de l’ordre dans le dérèglement du monde . Enfin, parce que la « la frontière n’est pas seulement un lieu de séparation où s’affirme la différence ; elle peut être aussi un espace d’échange et d’enrichissement, où peuvent se former des identités plurielles » , c’est-à-dire, un lieu de possibilité. Il convient de noter dans ce sens que, directement ou indirectement, la question de la frontière a toujours été au cœur du débat. Objet de conte ou de mythe, d’histoire ou de trame narrative, de culture ou d’opinion politique, la notion de "frontière" s’est enrichie au fil des années, tant au niveau sémantique que scientifique. Elle s’est ainsi investie dans plusieurs champs disciplinaires, notamment dans le domaine de la géographie, de la psychologie, de la philosophie, de la sociologie, de la littérature… Nous pouvons remonter jusqu’à l’écrivain et ethnologue universitaire José Maria Arguedas (1911-1969), pour ne citer que celui-là, et constater comment la frontière interagit, par exemple, sur l’indigène (le colonisé, l’esclave) face à l’étranger (le colon, le maître). L’identité par rapport à l’altérité, telle est d’ailleurs la réflexion de plusieurs essayistes qui traitent le sujet de la frontière comme une préoccupation du monde contemporain. Citons, entre autres, Paul Ricœur qui présente le soi-même comme un autre , Tariq Ramadan qui estime que l’Autre [est] en nous , Julia Kristeva qui nous considère comme des étrangers à nous-mêmes , Jean Baudrillard et Marc Guillaume qui préfèrent parler de plusieurs figures de l’altérité … et Régis Debray qui, en comparant le monde à Soi, fait l’éloge des frontières : « Un pays, dit-il, comme un individu peuvent mourir de deux manières : dans un étouffoir ou dans les courants d’air. » Cette question actuelle de la « frontière » dans les relations altéritaires n’explique pas seulement la compatibilité de ces deux notions, mais plutôt l’influence de l’espace sur l’humain. C’est ainsi que la notion de "frontière" oppose l’enracinement identitaire à la quête altéritaire. En effet, l’identité enracinée s’enferme dans un ici "infernal" tandis que l’Autre est en quête dans un ailleurs "mythique". Ainsi opposons-nous les personnages de Coralie Frei pris au piège dans l’île "inconnue" d’Anjouan, à ceux de Kebir-Moustapha Ammi luttant pour l’indépendance de l’Algérie. Cependant, même si la frontière oppose ces personnages, la quête de liberté semble les rapprocher davantage. Nous avons donc essayé de montrer que la "frontière" n’agit pas de la même façon chez Frei comme chez Ammi, puisque l’identité n’est pas forcément confrontée à la même altérité. Le personnage de Frei est par exemple confronté à un Autre du même espace (l’Anjouanais) contrairement à celui de Ammi pour qui l’Autre est un Autre d’ailleurs (le colon). Cette opposition fait agir les personnages différemment, c’est-à-dire, par rapport à la proximité et à l’appartenance. Ainsi, l’espace fermé semble enfermer le personnage sur lui-même, tandis que l’espace ouvert rend totalement libre le personnage. Cela dit, la figure de l’altérité n’est pas simplement perçue comme une figure de « l’Autre » puisqu’elle se manifeste comme « inconnue » de près (dans l’espace fermé) et « étrangère » de loin (dans l’espace ouvert). Cela voudrait dire entre autres qu’il y a un « Autre » "étranger" et un « Autre » qui ne l’est pas. Or, l’étranger c’est tout simplement cet Autre qui n’est Autre que par rapport à Soi-même ; comme le dit si bien Abdelkébir Khatibi, « l’étranger, c’est à la fois celui qui est proche et loin ; loin ne signifie pas nécessairement qu’il y a une distance géographique ou culturelle mais plutôt qu’il y a un passage de frontière. » Cette insistance sur la figure altéritaire de l’Autre ne fait que reposer véritablement la question du rôle de la "frontière" dans les relations altéritaires, surtout par rapport à l’espace lui-même qui est systématiquement associé au personnage. C’est dire, en d’autres termes, que la notion de "frontière" interroge l’Autre par rapport à la position spatiale de l’identité (enracinée ou en quête). Il semblerait d’ailleurs que ce soit sur ce positionnement des figures par rapport à l’espace que la notion de "frontière" détermine les actes des personnages vis-à-vis de l’Autre. L’une des questions fondamentales de notre thèse a été justement de comprendre davantage cette influence qu’a la "frontière" sur l’identité dans sa relation avec l’altérité, mais aussi et surtout d’identifier ce « refoulement qui conduit [l’identité] à traverser une frontière et à se trouver à l’étranger », c’est-à-dire dans l’espace de l’Autre. Aussi nous sommes-nous posé la question de la relation obsessionnelle du Soi (l’identité) à l’horizon (la frontière), et de l’horizon à l’ailleurs (l’altérité) : Comment comprendre cette obsession de Soi à l’Autre ? Comment cet espace-notion de "frontière" détermine-t-elle dialectiquement l’identité et l’altérité ? Nous avons tenté de répondre à ces questions, et ce à travers trois axes qui correspondent aux trois parties de notre thèse. Dans le premier axe, intitulé « Frontière et enracinement identitaire dans La perle des Comores de Coralie Frei », nous nous sommes intéressé à l’impact de l’espace sur l’identité, la société et sur le rêve de vivre (derrière) l’horizon. Nous nous sommes efforcés ainsi de montrer, dans un premier chapitre, comment l’identité vit prisonnière de (pour ne pas dire piégée par) son espace natal ; ensuite, dans un deuxième chapitre, de démontrer pourquoi la féminité, définie comme identité-territoire, est un état qui rend inconnu le personnage de La perle des Comores ; et, dans un troisième chapitre, de discuter comment le rêve de l’horizon devient une considération fondamentale du monde de l’Autre. Le deuxième axe, intitulé « Frontière et quête altéritaire dans Un génial imposteur de Kébir-Moustapha Ammi » a porté principalement sur le rapport de l’identité avec l’altérité. Dans cette deuxième partie de notre travail, il a été notamment question de rencontres, d’échanges et de dialogues. C’est ainsi que le chapitre quatrième a fait le lien entre l’altérité et l’espace d’accueil ; le chapitre cinquième a analysé de plus près la possibilité de changer et de vivre la liberté dans l’espace de l’ailleurs ; le chapitre sixième a permis enfin de souligner justement ce qui rend différent l’identité par rapport à l’altérité et ce qui les définit toutes les deux. Le troisième axe, intitulé « Frontière et cohabitation cosmique, étude comparative entre La perle des Comores de Coralie Frei et Un génial imposteur de Kébir-Moustapha Ammi », a établi une mise en regard des deux œuvres, afin de mettre en relief l’opposition de deux postures, de deux visions : « close », insulaire du personnage de Frei, "universelle" du personnage de Ammi. La confrontation de deux espaces textuels nous a fait revivre, dans le septième chapitre, l’impact de l’espace sur le comportement des personnages. Le huitième chapitre a permis d’analyser l’opposition du monde de l’ici au monde de l’ailleurs et l’imposition inévitable et forcée des lieux de passages. Le neuvième et dernier chapitre, nous l’avons consacré à l’étude du pouvoir de l’horizon sur l’identité et l’altérité. En définitive, nous pouvons dire notre recherche s’est greffé sur une citation de Kébir-Moustapha Ammi qui, dans une vaine tentative optimiste, condamne dans Le partage du monde l’inégalité et l’injustice qu’incarnent les frontières en affirmant: « la terre est vaste et tous les peuples peuvent, d’égale façon, en tirer profit. » Autrement dit, c’est de l’espace frontalier que proviennent les inter-déterminations positives et négatives entre l’identité et l’altérité. Enfin, conscient de l’importance que revêtent les choix méthodologiques dans la réalisation d’un travail scientifique, nous nous sommes efforcé, tout au long de notre recherche de définir notre choix ad hoc et selon les impératifs de l’analyse. Cependant, même si notre préférence pour l’approche thématique et philosophique est marquée, nous nous ne nous sommes pas limité à une seule méthodologie dans notre investigation. Par ailleurs, étant donné que nous avons travaillé sur deux œuvres appartenant à deux littératures différentes et autour d’une même thématique, une approche comparative s’est imposée d’elle-même.
Date: 2018

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