Influence du régime pauvre en protéines sur le développement des rats : études biochimique et morphométrique

Abstract

L’évidence de l’existence d’une relation étroite entre la malnutrition protéique et l’incidence de la morbidité et la mortalité néonatale, au cours des premières années de la vie et à l’âge adulte dans les populations défavorisées des pays en voie de développement est solide. Une double approche biochimique et morphométrique est tentée afin de rechercher l’influence du régime pauvre en protéines, administré à différents stades du développement sur la croissance, la composition biochimique et la vascularisation de plusieurs tissus et organes de rats. Ce travail est effectué sur des rats de la souche Wistar âgés de trois jours (ratons) ou d’une centaine de jours (adultes) et appartenant à trois groupes expérimentaux. Un groupe contrôle © et un autre carencé en protéines (CP) soumis respectivement à un régime contenant 20% et 8% de protéines (caséine) depuis la conception jusqu'à l’âge adulte. Le troisième lot est le groupe Récupération (R) soumis au régime (CP) durant la gestation et au régime (C) du début de la lactation jusqu'à l’âge adulte. Le régime pauvre en protéinés induit une réduction, aussi bien chez les ratons que chezles adultes, du poids corporel et du poids absolu de la majorité des organes étudiés comparativement aux © : - Chez les ratons, le régime (CP) ne semble pas affecter le poids relatif du rein, des poumons et de la rate ; mais, celui du cœur et du foie se voit augmenter alors que celui du thymus et du cervelet se trouve réduit - Chez l’adulte (PC), le poids relatif du rein et de la rate est réduit. Le poids relatif au cœur, des poumons, du thymus et du foie est similaire chez les (CP) et les (C). par contre, celui du cerveau et du cervelet est augmenté ce qui montre que le cerveau est plus protégé des effets de la malnutrition protéique que le reste du corps. - L’administration d’un régime à 20% de protéines à partir de la naissance permet de restaurer à l’âge adulte les valeurs pondérales des (C), à l’exception de celle du muscle Soleus qui demeure plus faible chez les (R) comparé aux (C) Chez les ratons, la comparaison de la concentration de l’ADN des (C) et (CP) montre que cette variable est faible dans le cerveau et le foie des (CP). Mais, elle est plus importante dans le cervelet de ces derniers. Le dosage des protéines révèle que leur concentration protéique est réduite dans le cerveau des (CP). Cependant, la concentration cérébelleuse en cholestérol et en phospholipides est identique chez les deux groupes expérimentaux. De même, aucune différence significative entre la concentration du glycogène hépatique des (c) et des (CP) n’est constatée. Chez les adultes, le cerveau, le rein et le thymus voient leur concentration en ADN et en protéines diminuer chez les (PC) comparativement aux (C). La concentration cérébrale en cholestérol est réduite chez les (CP). Alors que celle des phospholipides est similaire chez les (C) et les (CP). De plus, nous soulignons que chez les (CP) les concentrations de tous les paramètres cérébelleux étudiés sont réduites. Par contre, les valeurs hépatiques ne sont pas statistiquement entre les (C) et les (CP). La récupération permet de restaurer la plupart des valeurs biochimiques qui tendent vers celles des (C), à l’exception, de la concentration en ADN et en protéines du thymus et de l’importante accumulation du glycogène hépatique et musculaire qui restent élevée comparativement à celles des (C). L’étude des différents paramètres sanguins révèle que les rats (CP) sont anémiques et présentent une réduction du volume sanguin, ainsi qu’une lipidémie élevée et aussi une faible insulinémie et protéinémie. Toutefois, une réalimentation adéquate à partir de la naissance permet de rétablir à l’âge adulte des valeurs du volume sanguin et de l’insulinémie comparables à celles des (C) et diminue la cholestérolémie. Les études morphométriques montrent que le régime pauvre en protéines induit une réduction de la vascularisation du cortex cérébral et du foie des ratons, et une diminution de celle du cortex cérébral et du duodénum des adultes par rapport aux contrôles. Au niveau du cortex cérébral et du duodénum des rats du groupe (R) la longueur du réseau vasculaire demeure réduite par rapport à celle des rats du groupe (C) malgré l’administration d’un régime protéique normale à partir de la naissance. En résumé, la nutrition lors de la vie intra-utérine a une influence certaine sur la prévention de certaines maladies ainsi que sur la croissance et le développement. La consommation d’un régime adéquat à partir de la naissance permet la correction de la plupart des effets néfastes acquis lors de la vie intra-utérine.