Effets de certains éliciteurs sur les dérivés hydroxynnamoylmaliques des feuilles de Thunbergia alata (Acanthaceae)

Abstract

La réponse des feuilles à quatre éliciteurs (blessure, acide salicylique, pectinase et peroxyde d’hydrogène) en termes de modification du métabolisme phénolique et plus particulièrement des dérivés hydroxycinnamiques a été étudiée. Trois composés phénoliques ont été identifiés dans les feuilles de Thunbergia alata (Acanthaceae) : les acides caféoylmalique (CM), féruloylmalique (FM) et p-coumaroylmalique (p-CM). Les deux premiers composés constituent la majorité de l’ensemble des dérivés hydroxycinnamiques (HCM) et plus particulièrement en acide CM. La réponse locale des feuilles juste autour des points d’élicitation se manifeste par des lésions plus ou moins sévères en fonction de la nature et de la concentration de l’éliciteur. La blessure induit des lésions très réduites que le pectinase augmente légèrement, tandis que l’acide salicylique (AS) et le peroxyde d’hydrogène (H₂O₂) amplifient fortement l’étendue de ces nécroses. Les investigations histochimiques des zones élicitées montrent une fluorescence bleue indiquant la présence des composés phénoliques. L’importance de l’accumulation de ces composés dépend de l’étendue des nécroses. Cette accumulation est faible et plus tardive dans le cas de la blessure seule. L’AS, après blessure, induit une activité peroxydase et une lignification relativement importantes. Aucune activité peroxydase n’est décelable, de même que le processus de lignification est moins important dans le cas des autres traitements. L’étude biochimique des acides HCM et/ou d’autres composés non identifiés confirme les résultats histochimiques, et montre que le métabolisme phénolique est globalement activé par les différents éliciteurs utilisés. En réponse à l’AS, on observe chez les jeunes plantes, plusieurs heures à quelques jours après traitements, une augmentation plus rapide et biphasique de l’acide CM. Cette réponse est par contre plus tardive et présente un seul maximum, en réponse à la blessure. Le traitement par blessure seule ou suivie par application de l’AS entraîne une augmentation très précoce de l’acide FM, avec une accumulation plus importante durant les premières heures en réponse à l’AS. L’accumulation de l’acide p-CM semble être plus sensible à la présence de l’AS. Chez les plantes jeunes, le H₂O₂ présente peu ou pas l’effet sur l’accumulation des composés phénoliques préexistants, alors que le pectinase stimule l’accumulation locale et composé phénolique qui n’existe pas chez les feuilles plantes témoins. Comparativement au H₂O₂, le pectinase induit une accumulation locale et systémique 4 et 3.5 fois respectivement plus importantes de ce nouveau composé. Une comparaison 24 heures après traitements, entre l’effet des différents éliciteurs utilisés, sur les feuilles de plantes âgées de deux mois, montre que l’accumulation la plus importante qui concerne les trois acides HCM est induite par la pectinase. L’accumulation des acides HCM, en réponse aux différents éliciteurs, concerne non seulement les feuilles directement traitées (accumulation locale), amis aussi les feuilles non traitées situées au dessus des premières chez les mêmes plantes (accumulation systémique). Les plantes plus âgées seraient plus sensibles aux éliciteurs que les plantes plus jeunes. L’augmentation en acides HCM est très significative, en réponse à tous les éliciteurs utilisés chez les plantes plus âgées qui sont moins riches en ces composés