Caractérisation des ressources génétiques de l'olivier ( Olea europaea L. ) à l'aide des descripteurs morphologiques et des marqueurs moléculaires ISSRs ( Inter Simple Sequence Repeats )

Abstract

L’Olivier (Olea europaea L.), espèce caractéristique du paysage méditerranéen, compte de nombreuses variétés ayant une diversité phénotypique et génétique importante sous estimée jusqu’à présent. Dans ce contexte, le pouvoir discriminant de 23 descripteurs morphologiques relatifs aux caractères du fruit, endocarpe, feuille et inflorescence a été étudié par leur application sur un échantillon de 52 principales variétés méditerranéennes. Ces descripteurs ont généré un polymorphisme morphologique important se traduisant par l’obtention d’un pourcentage de discrimination de l’ordre de 100%. La stabilité, pour une même variété, de ces caractères (excepté le mamelon) a été confirmée par des observations durant 5 années. L’analyse individuelle des 23 descripteurs utilisés montre que "la forme du fruit" et "la forme de l’endocarpe" représentent les caractères les plus discriminants. Sur la base des mêmes descripteurs morphologiques, les variétés traditionnelles marocaines étudiées (excepté la variété Menara) ont été identifiées par des phénotypes distincts. De même, plusieurs individus cultivés sous la dénomination "Picholine marocaine" ou "Zitoun Beldi" ont été caractérisés par des caractères morphologiques différents. Par ailleurs, un type morphologique désigné par "Picholine marocaine standard" et caractérise par la combinaison "2 2 2 1 2 3 2 1 1 1 2 1 1 3 2 1 2 1 3 2 2 1 2" a représenté la variété la plus cultivée dans les régions prospectées. Dans l’échantillon des variétés et types locaux cultivés d’Olivier marocain, les caractères du fruit se sont avérés plus discriminants que les caractères de l’endocarpe. En revanche, les deux caractères "forme du fruit" et "forme de l’endocarpe" restent toujours des caractères ayant un fort pouvoir discriminant quel que soit l’échantillon de variété du pool génétique étudié. En outre, le mamelon se montre toujours comme caractère a faible pouvoir discriminant. Les marqueurs moléculaires ISSRs ont été utilisés pour une meilleure identification des variétés traditionnelles et types locaux d’Olivier marocain. Les 4 amorces utilisées ont généré 16 marqueurs ISSRs. Les dits marqueurs ont permis d’identifier 88% des variétés traditionnelles, 58% des types locaux cultivés sous la dénomination "Picholine marocaine" et discriminant supérieur à celui des autres amorces en générant le nombre le plus élevé de marqueurs ISSRs (5 marqueurs). Les descripteurs morphologiques et les marqueurs moléculaires se sont montrés très discriminants même en cas de base génétique étroite. Leur combinaison a mis en évidence un polymorphisme génétique très intéressant au sein de l’échantillon des variétés et types locaux d’Olivier marocain étudiés et a confirmé la situation d’homonymie régnant au sein de la structure variétale marocaine. Cependant et malgré l’importance de la diversité morphologique et/ou génétique révélée, des liens de parenté apparaissent entre les variétés et types locaux étudiés. Des possibilités intéressantes de valorisation du matériel végétal marocain étudié ont été mises en évidence par l’étude de trois caractéristiques agronomiques majeurs : la teneur en huile, le rapport pulpe/noyau et l’indice d’auto-comptabilité.