Activité cardiovasculaire de deux plantes utilisées dans le traitement traditionnel de l'hypertension artérielle dans la région de Tafilalet

Abstract

Cette étude a pour objectif l’évaluation de l’effet hypotenseur et vasorelaxant des extraits aqueux d’Artemisia herba alba a. (Ah) et Chamaemelum nobile L. (Cn), deux plantes couramment utilisées dans la pharmacopée marocaine. Chez le rat normal, l’étude montre que les extraits aqueux d’Ah et Cn (80 mg/kg) provoquent une diminution significative (p<0,001) de la pression artérielle moyenne (PAM) et la fréquence cardiaque (FC) après administration par voie intraveineuse. L’étude du mécanisme d’action des deux plantes a montré une action possible de Cn sur le système nerveux sympathique. Cependant, ah provoque une diminution de la PAM par un mécanisme dépendant de la synthèse endothéliale du monoxyde d’azote (NO). Outre l’effet hypotenseur observé, les extraits aqueux d’Ah et Cn ont montré un effet diurétique après perfusion intraveineuse chez le rat normal. Ainsi, la perfusion des extraits aqueux d’Ah et Cn à la dose de 60 mg/kg/h a provoqué une augmentation significative du débit urinaire (p<0,001), du taux de filtration glomérulaire (p<0,01) et de l’élimination rénale des électrolytes (ERE) (sodium, potassium et chlorures) (p< 0,001). Chez le rat spontanément hypertendu (SHR), l’étude montre que les extraits aqueux d’Ah et Cn possèdent un effet hypotenseur et diurétique très intéressant. L’administration orale unique de l’extrait aqueux d’Ah (150 mg/kg) a provoqué une diminution significative (p<0,001) de la pression artérielle systolique (PAS) et de la fréquence cardiaque six heures après l’administration. En outre, une augmentation significative du volume urinaire et de l’ERE a été observée (p<0,001). En revanche, une diminution significative de la PAS n’a été observée que 24 heures l’administration de l’extrait aqueux d’Ah (150 mg/kg) et Cn (140 mg/kg) a montré que les deux extraits sont dotés d’un effet hypotenseur et diurétique significative (p<0,01). Le dosage de l’activité de la rénine et de l’enzyme de conversion de l’angiotensine I a montré que le traitement par les extraits d’Ah et Cn n’a pas provoqué des changements significatifs de l’activité de ces deux enzymes clés de la régulation de la pression artérielle. In vitro, l’utilisation de la technique de l’aorte isolé a permis d’évaluer l’effet des deux extraits de plantes sur une concentration vasculaire provoquée par la norépinephrine. Ainsi, nous avons montré que le traitement des aortes isolées avec les extraits aqueux d’Ah (20 mg/ml) et Cn (100 mg/ml) provoque une diminution de la réponse contractile vis-à-vis de la Norépinephrine. Pour l’extrait aqueux d’Ah, l’effet vasorelaxant observé semble être indépendant de l’endothélium et mettant en jeu un possible blocage des canaux calciques. En revanche, l’extrait aqueux de Cn semble posséder un effet vasorelaxant endothélium dépendant. L’étude de la toxicité cellulaire des deux plantes a montré que les doses utilisées de l’extrait aqueux d’Ah sont exemptes de toute toxicité sur les cellules musculaires lisses. Toutefois, la dose de Cn (100 mg/ml) a montré une légère mais néanmoins significative toxicité (P<0,05). Notre étude a ainsi montré que les deux extraits aqueux d’Ah et Cn possèdent un effet hypotenseur assujettis à un effet diurétique et vasorelaxant chez le rat normal et hypertendu. L’étude a permis la justification partielle de l’utilisation traditionnelle d’Ah et Cn dans la médecine traditionnelle et apporte une preuve de plus de la richesse du patrimoine de la phytothérapie traditionnelle au Maroc.