Etude de l'activité antifongique de l'eugénol et du carvacrol : Application dans le traitement de la candidose orale expérimentale chez le rat et la souris

Abstract

Les tests de l’activité antifongique de 20 huiles essentielles (HE) par la méthode de microdilution en milieu liquide avec une taille standard de l’inoculum ont montré que 3 HE ayant des composés majoritaires de nature phénolique ont l’activité fongicide la plus importante. Les composés majoritaires des HE d’origan et de girofle, le carvacrol et l’eugénol, ont été retenus pour étudier leur mécanisme d’action anticandidosique. Trois approches ont été utilisées pour l’étude de ce mécanisme en comparaison avec celui de la nystatine utilisée comme antifongique de référence : L’addition de l’agent antifongique durant la phase logarithmique de croissance d’une culture de Candida albicans, la libération du matériel absorbant à 280 mn à partir des cellules traitées par ces agents antifongiques et l’extraction des acides nucléiques à partir des levures lysées par ces mêmes agents antifongiques. Les résultats obtenus montrent que le carvacrol et l’eugénol utilisés à leurs concentrations minimales fongicides (MFC) affectent l’enveloppe de cette levure de façon plus importante que ne le fait la nystatine utilisée à sa MFC. Le test in vivo de l’activité antifongique de ces molécules sur le modèle de la candidose orale chez le rat immunodéprimé montre qu’un traitement local de 8 jours par le carvacrol permet de réduire significativement le nombre d’unités formant colonies (UFC) dans la cavité orale des animaux infectés avec une efficacité similaire à celle de la nystatine de point de vue microbiologique. De point de vue histologique, le carvacrol permet d’éliminer les germes enfuis dans les replis tissulaires alors que la nystatine ne le permet pas. Nous avons expliqué ceci par le fait que cette molécule volatile peut atteindre des zones non accessibles pour la nystatine. L’eugénol, a aussi montré une bonne activité antifongique sur ce modèle animal avec une efficacité légèrement plus faible que celle du carvacrol. La reproduction du muguet comme modèle de la candidose orale chez la souris immunodéprimée a conduit à une forme de candidose réfractaire au traitement locale par le thymol et carvacrol mais aussi par la nystatine. Un deuxième modèle de la candidose orale moins sévère chez la souris s’est montré adéquat pour confirmer l’efficacité du carvacrol en traitement général et non local en comparaison avec celle du fluconazole. Ceci montre que le carvacrol est un principe actif prometteur pour la mise au point d’une nouvelle génération de traitement des candidoses superficielle rebelle aux antifongiques classiques.