Etude anthropo-génétique de la population arabe du Maroc méridional ( Abda, Chaouia, Doukkala et Tadla ) : Analyse des dermatoglyphes et de divers polymorphismes : ( Groupes sanguins, protéines sériques, enzymes érythrocytaires et RFLPs ) : Comparaisons avec les populations du bassin Méditerranéen

Abstract

Le présent travail a pour objectif la caractérisation anthropo-génétique de la population arabe du Maroc méridional (Abda, Chaouia, Doukkala et Tadla). Cette étude consiste d’une part en une analyse de la distribution de différentes figures dermatoglyphiques, de divers polymorphismes biochimiques (groupes sanguins, protéines sériques et enzymes érythrocytaires) ainsi que celle de l’ADN nucléaire (RFLPs et gène de l’ApoE). Et d’autre part, à des comparaisons par rapport à différentes populations du bassin méditerranéen (Péninsule §Ibérique, Italie et Grèce) ainsi que du Moyen-Orient (Koweït, Arabie Saoudite et Jordanie). Les types et les fréquences des figures des dermatoglyphes digitaux ont été examinés dans un échantillon de 204 individus adultes de la population arabe autochtone du Maroc méridional (105 hommes et 99 femmes). Les résultats obtenus révèlent une incidence élevée d’arcs (8.80%) chez notre population, qui la différencie des autres groupes méditerranéens. En plus, les fréquences des boucles ulnaires et radiales mettent en évidence une similarité entre les populations de l’Afrique du Nord et la notre. Cependant, la faible fréquence des tourbillons chez notre population est comparable à celles des populations du Nord de la Méditerranée. Ainsi, la population arabe du Maroc méridional, comme d’autres populations d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, se distinguent du Nord de la Méditerranée par des fréquences élevées des allèles ABO*B (14,8%), GC*IF (36,6%, PI*Ml (80,70%) et des haplotypes RH-cDe (33,90%), MNSs*Ms (48,60%). De plus, notre population arabe est marquée par une faible fréquence de l’allèle AK*2 (0,5%) par rapport à la fréquence moyenne de populations d’Afrique du Nord (2,20%). La diversité génétique des groupes sanguins et des protéines sériques en Afrique du Nord est supérieure à celle du nord de la Méditerranée, ayant respectivement (20.10⁻³, 13.10⁻³) et (5.10⁻³, 5.10⁻³). Cette hétérogénéité génétique observée serait probablement liée à la dérive génétique, qui pourrait être due aux anciennes structures tribales, aux diverses origines des habitants de l’ère préhistorique, au mode de peuplement démographique de l’Afrique du Nord, etc… Par ailleurs, l’analyse en composantes principales des trois types de marqueurs biochimiques, a montré que notre population arabe forme un groupe homogène avec les autres populations d’Afrique du Nord. Ce groupe prend une position intermédiaire entre le Nord de la Méditerranée et l’Afrique du Nord. Ce groupe prend une position intermédiaire entre le Nord de la Méditerranée et l’Afrique de l’Ouest (Sénégal). D’un autre côté, l’absence de données sur les RFLPs chez les populations d’Afrique du Nord, nous a amené à comparer uniquement avec des populations européennes. L’analyse de ces marqueurs révèle que notre population arabe a des caractéristiques proches de celles de l’Alpujarras (Sud de l’Espagne), puisque le pourcentage de différences significatives des vingt marqueurs analysés ne dépasse pas 26%. De même, la distribution des fréquences alléliques du gène de l’ApoE, permet de classer la population marocaine arabe parmi celles du Nord de la Méditerranée, avec lesquelles aucune différence significative n’a été décelée.