Relations entre les teneurs en acide abscissique, en glucides et en acides gras dans certains aspects du développement normal et anormal de la vigne

Abstract

Les variations des teneurs en acide abscissique libre (ABA), en son ester de glucose l’abscissate de β–D-glucopyranose (ABA-GE), en glucides solubles, en amidon et en acides gras ont été caractérisées dans certains organes de la Vigne (Vitis Vinifera L.) au cours de leur développement normal et anormal. L’ABA intervient dans le contrôle de la dormance des bourgeons. Au cours du cycle annuel, selon le stade de considéré. L’ABA des bourgeons semble provenir des feuilles, des racines ou de l’hydrolyse de l’ABA-GE. La levée de dormance nécessite une période de froid de 9 jours qui provoque l’estérification de l’ABA en ABA-GE par migration vers les racines via les entre-nœuds. Cette translocation est étroitement liée à l’état hydrique des deux organes. L’ABA inhibe aussi la croissance des feuilles, des entre-nœuds et des jeunes baies et favorise la floraison. La diminution de la croissance des feuilles et des entre-nœuds et le faible taux de floraison observés dans l’Eutypiose, maladie fongique causée par Eutypa lata, seraient liés au dérèglement de leur contenu en ABA. Ce dérèglement est lui-même lié à la déshydratation des différents organes malades, mais pourrait aussi être en relation avec une libération d’ABA par le champignon. Les glucides solubles (sauf le raffinose) et l’amidon des bourgeons et des entre-nœuds présentent des variations similaires. Ce raffinose, le glucose, le fructose et le saccharose interviendraient comme sucres protecteurs à la fois contre le froid et contre le stress hydrique. Dans le cas des feuilles et des entre-nœuds atteints d’Eutypiose, il a diminution des teneurs en saccharose au profit des hexoses et la maladie provoque aussi une carence en glucides totaux dans ces deux organes avant le stade nouaison, mais un enrichissement par la suite. Dans ce dernier cas, ce serait l’inhibition de l’exportation des sucres synthétisés dans les feuilles, ainsi que la perturbation de leur incorporation dans la glycolyse au niveau des feuilles et des entre-nœuds, qui seraient les causes principales de la réduction de la croissance. Les variations des teneurs en glucides sont contrôlées par les invertases acide et alcaline. Ces dernières interviennent dans l’hydrolyse du saccharose et du raffinose et favorisent ainsi la synthèse de l’amidon. De même, l’activité α-amylase stimule l’hydrolyse de l’amidon dans les bourgeons, les feuilles et les entre-nœuds. L’ABA intervient dans le métabolisme glucidique en inhibant l’activité α–amylase et en stimulant les activités invertases (acide et alcaline). Il intervient aussi comme modulateur de la translocation et du stockage des sucres dans les organes de la vigne. Les acides gras paraissent fortement impliqués dans le contrôle de l’état hydrique des organes de la vigne. L’acide arachidique qui a été identifié ici pour la première fois dans les bourgeons semble être l’acide gras marqueur de leur dormance. Dans le cas des bourgeons et des entre-nœuds, au cours du cycle annuel comme dans le cas des organes malades, l’allongement de la chaîne aliphatique des acides gras, l’augmentation de leur degré d’instauration et l’accumulation des acides gras totaux réduisent les échanges hydriques. Les diverses modifications affectent les acides gras sont sous l’influence de l’ABA.