L'obésité chez la femme marocaine Sahraouie : Prévalence, étiologies et facteurs de risque cardiovasculaires associés

Abstract

Les objectifs de ce travail étaient : - D’une part, déterminer la prévalence de l’obésité et des facteurs de risque cardiovasculaires y associés chez une population de femmes sahraouies âgée de 15 à 70 ans, non enceintes et issues du milieu urbain de la province de Laâyoune au sud du Maroc. - D’autre part, étudier le rôle des facteurs socio-démographiques, nutritionnels, psycho-socioculturels et d’activité physique dans le problème d’obésité. Les résultats ont montré que : - La prévalence de l’obésité générale a été évaluée à 49%, le surpoids à 30%, le poids normal à 19% et l’insuffisance pondérale à 1.6%. - La prévalence d’obésité abdominale est très élevée ; 75.9% des femmes avaient un TA≥88 cm et 67.9% avaient un RTH>0.85. - Les prévalences des facteurs de risque cardiovasculaires sont aussi très élevées : L’hyperglycémie est de 11.4%, l’hypertriglycéridémie 22.4%, l’hypercholestérolémie 11.6%, l’hypertension 28.6% et du syndrome métabolique 16.3%. Ce sont les femmes obèses qui sont à risque plus élevé ; le risque d’hyperglycémie ou d’hypertriglycéridémie est deux fois plus élevé que chez les femmes normales. - La prévalence de l’obésité, très élevée chez les jeunes célibataires, augmentait avec l’âge et avec l’état matrimonial, tandis qu’elle n’a pas été influencée par le niveau d’instruction. - Par ailleurs, l’inactivité physique joue un rôle important dans le problème de l’obésité et dans le développement du syndrome métabolique. En effet, l’augmentation de l’IMC ou du nombre des composantes du syndrome métabolique a été associé avec une augmentation du temps consacré à la sieste et à la cérémonie de thé alors qu’elle a été associée avec une diminution du temps consacré à la marche. - L’apport en glucides alimentaire, en particulier les sucres simples, semble aussi être impliqué dans le problème d’obésité ; après ajustement à l’âge et à l’apport énergétique total, l’IMC reste positivement corrélé avec l’apport quotidienne en saccharose dont la source principale sont les boissons sucrées. - En outre, chez cette population, le surpoids des femmes est un signe de beauté et de bonne santé ; la plupart des femmes en surpoids ou obèses refusent de perdre du poids et au contraire la majorité d’elles, en particulier avant le mariage, ont désiré prendre du poids. Ce désire de grain du poids est encore hautement exprimé chez les femmes normales. Les pratiques utilisées par ces femmes pour gager du poids sont la diminution de l’activité physique, l’augmentation de la prise alimentaire et l’utilisation des corticoïdes. L’homme, la mère et l’habillement traditionnel sont les principaux facteurs qui influencent la perception de l’image du corps des femmes enquêtées. Au terme de cette étude, nous pouvons conclure que l’obésité est un problème de santé public chez les femmes Sahraouies. Le besoin d’une action multisectorielle commune à l’échelle de toute la société est évidente pour contrer cette épidémie.