Cancer cutané de la face ( Etude prospective )

Abstract

Les cancers cutanés de la face constituent la pathologie tégumentaire la plus fréquente dans l’exercice du dermatologue et plasticien dans notre pays. Cette localisation faciale est pourvoyeuse de séquelles esthétiques, fonctionnelles et engageant le pronostic vital ce qui définit leur gravité et les difficultés de prise en charge tant pour l’exérèse carcinologique que pour la reconstruction. Notre travail est une étude prospective sur deux ans, portant sur 56 cas de carcinomes et mélanomes de la face colligés au service de chirurgie plastique esthétique et reconstructrice du CHU Ibn Rochd de Casablanca durant la période allant de Octobre 2003 à Octobre 2004 avec un suivie d’une année. Il a consisté en une analyse épidémio-clinique, histologique, thérapeutique et évolutive de ces tumeurs dans notre structure. La majorité de nos patients étaient de sexe féminin avec une moyenne d’âge de 60 ans et une prédominance de carnation brune et mate dans 63% des cas. L’origine rurale représentait 54% et la majorité des professions exposaient au soleil.

Les lésions tumorales dans notre série ont intéressés toutes les régions de la face avec une prédominance de la région nasale et temporale. L’aspect macroscopique des tumeurs était nodulaire et ulcéro-bourgeonnant dans la majorité des cas et la taille tumorale était inférieure à 5 cm chez 47 patients et 8 cas d’adénopathies. L’étude histologique réalisée par biopsie exérèse chez 48 patients et biopsie simple chez 3 patients a montré que 80% des tumeurs étaient des carcinomes basocellulaire. Les carcinomes spinocellulaire ont représenté 12,5% des cas et les mélanomes 5,5% des cas. L’exérèse tumorale a été la règle chez tous nos patients en respectant une marge de sécurité adaptée au type histologique et la taille tumorale. Ces marges ont été complètes chez 36 patients, incomplètes chez 6 patients et économique chez 2 patients. Un curage ganglionnaire a été réalisé chez 8 patients. La couverture de perte de substance était immédiate chez 21 patients et différée chez 17 patients. L’évolution carcinologique sur une année a été marquée par deux récidives reprises chirurgicalement l’une à 3 mois et l’autre à 6 mois, deux décès suite à une cause autre que la tumeur et un cas de lâchage de suture. Notre étude épidémio-clinique rejoigne les données de la littérature en dehors de la prédominance du sexe féminin dans notre étude.

La méthode thérapeutique consistant en une exérèse carcinologique large et reconstruction immédiate semble être défavorable. Le caractère économique de l’exérèse n’implique pas une récidive systématique des carcinomes. Ces résultats devraient nous amener à envisager une étude extemporanée des recoupes ainsi qu’une temporisation pour le traitement réparateur. Une approche préventive reste nécessaire pour diminuer la prévalence de ces tumeurs ainsi que la survenu de leurs complications.