Cancer du colon : Epidémiologie et Diagnostic

Abstract

Dans les pays occidentaux, le cancer du colôn constitue, de par sa fréquence et sa gravité, un enjeu de santé publique. Peu d’études ont été consacrées dans notre pays à l’estimation de la fréquence, de la mortalité de ce cancer et à la mise en place d’une stratégie de dépistage. Pourtant toutes les conditions nécessaires pour que celle-ci soit justifiée dans une population générale sont remplies par le cancer du côlon : il est fréquent ; il reste grave et surtout il peut être guéri s’il est diagnostiqué au début. Le but de ce travail est de faire le bilan des connaissances apportées par l’épidémiologie descriptive et de dégager les caractéristiques cliniques de cette affection, afin d’envisager une politique de prévention ou de dépistage. Une étude rétrospective a été menée au service de Gastro-Entérologie du CHU Ibn Rochd de Casablanca dans le but de préciser les aspects épidémiologiques et les moyens de diagnostic. Elle a porté sur 40 cas de cancers coliques colligés sur une période de 5 ans, allant de Janvier 2001 à Décembre 2005. Les cancers du côlon représentent 0,7% des hospitalisations au sein du service. L’âge moyen au moment du diagnostic est de 50,1 ans avec une prédominance masculine. Les habitudes toxiques les plus fréquemment retrouvés sont le tabagisme (25%) et l’éthylisme (12,5%). L’existence de lésions précancéreuses est notée chez 4 patients avec, dans un cas, la notion d’atteinte familiale. Le délai moyen entre les premiers signes évocateurs et l’hospitalisation est de 9,8 mois et la triade, douleurs abdominales, troubles du transit et altération de l’état général, est la plus fréquente. Colonoscopie et lavement baryté, réalisés respectivement chez 80% et 60% des sujets, montrent que le cancer du côlon est surtout localisé sur le sigmoïde et la jonction recto-sigmoïdienne (32,5% des localisations) suivi des atteintes du caeco-ascendant, puis du côlon gauche et plus rarement du côlon transverse. L’extension tumorale est appréciée par l’échographie abdominale, la radiographie thoracique et la scanographie spiralée. Dans notre contexte marocain, la plupart des cancers coliques sont diagnostiqués tardivement avec une lourde mortalité d’où l’intérêt de faire un diagnostic à un stade précoce. Il est donc très important de développer et d’évaluer les méthodes de dépistage de ce cancer afin de détecter les lésions précancéreuses et les cancers à un stade curable dans le but de diminuer la mortalité et l’incidence. A l’heure actuelle, il reste encore difficile d’adopter un programme de dépistage du cancer du côlon pour plusieurs rasions, d’une part, en raison de l’absence d’une épidémiologie descriptive et d’un registre national des cancers, et d’autre part, du fait que les programmes de dépistage nécessitent une grande logistique incluant des compétences humaines et des moyens matériels importants.