Prise en charge et évolution de l'intoxication à la paraphénylene diamine aux urgences

Abstract

La paraphénylène diamine est à l’origine d’intoxication volontaire ou accidentelle très fréquente, utilisée avec le henné comme teinture capillaire, ce produit engendre un syndrome asphyxique par l’œdème cervical et une rhabdomyolyse avec une insuffisance rénale potentiellement grave. Le but de ce travail est d’analyser les aspects épidémiologiques de l’intoxication à la PPD et de sa prise en charge et de déterminer les facteurs pronostiques indépendamment associés à la mortalité précoce aux services d’accueils des urgences de Casablanca. Nous avons effectué une étude rétrospective sur une durée de 4 ans colligeant 326 patients, nous avons précisé pour chaque patient : les données démographiques, le profil psycho-social, la quantité ingérée, le délai de prise en charge, la symptomatologie clinique, les données biologiques, les complications, l’évolution. Les facteurs de risque ayant un seuil de significativité p  0,05. L’âge moyen des patients était de 23,1  7,8 ans avec un nette prédominance féminine (87,1%). L’ingestion de la PPD était dans un but d’autolyse dans 98,5%. La quantité moyenne ingérée était de 6,44,9g avec un délai de prise en charge de 4,85h. La prise en charge s’est basée essentiellement sur l’hyperdiurèse alcaline et le contrôle des voies aériennes. Nous avons distingué 3 groupes selon le profil évolutif : les malades déclarés sortants (40,2%), les malades transférés aux différents services (44,2%) et les malades décédés au niveau SAUV (15,6%). Les facteurs pronostiques indépendamment associés à la mortalité précoce étaient : la quantité ingérée, le délai de prise en charge, la présence de signe respiratoires, signes musculaires, un taux de CPK élevé, une hyperglycémie. La prise en charge de l’intoxication à la PPD ne doit pas être seulement somatique mais on doit donner plus d’intérêt à la prise en charge psychologique pour éviter le risque de décès à l’occasion d’une autre tentative de suicide. La fréquence de l’intoxication à la PPD, et son pronostic fâcheux, justifiant le recours à un large programme de prévention pour informer le public et les autorités du danger de ce produit.