Les intoxications aux organophosphores

Abstract

Pour mieux cerner le problème des intoxications aiguës aux organophosphorés, notre étude, menée au service de Réanimation Médicale au CHU IBN ROCHD de Casablanca, a porté sur l’analyse de 88 cas d’intoxication aiguë aux OP, durant une période de 6 ans (31-12-1999 au 10-12-2004). Les résultats de ce travail, vérifient plusieurs données de la littérature médicale : patients jeunes (âge moyen 21 ans) issus d’un milieu socio-économique défavorisé (68,32%) plutôt de sexe féminin (51,13%), ayant présenté une tentative de suicide (97%) par le malathion (68,18%) à la suite d’un conflit familial, un échec scolaire, des problèmes sentimentaux ou des difficultés matérielles. La symptomatologie clinique est résumée par les trois syndromes de la crise cholinergique aiguë : muscarinique, nicotinique et central. La dépendance à ventilation assistée et le déficit musculaire proximal (2,27%) associée aux données de l’EMG, sont très évocateurs du diagnostic de syndrome intermédiaire survenant après la phase aiguë de l’intoxication aux OP. Les troubles cardio-vasculaires essentiellement électrocardiographiques, les troubles de l’état de conscience et les complications pulmonaires font la gravité de cette intoxication. Le dosage de l’activité choliestérasique n’a été réalisé que dans un seul cas. La screening toxicology sur liquide gastrique a été positive aux OP dans 4,54%. Le traitement a été axé sur le maintien des fonctions vitales, sur le lavage gastrique (86,3%), sur l’administration du charbon activé (19,3%), sur le traitement spécifique par l’atropine dans 56,8% et sur le traitement antidotique par la pralidoxime (3,4%). Une prise en charge psychiatrique est intervenue dans un 2ème temps. Le taux de mortalité dans ce travail est de 14,77%. Cette lourde mortalité nous a conduit à insister sur la prévention qui doit être effectuée à grande échelle. Toutes les structures sont concernées, le personnel médical et paramédical ainsi que les éducateurs et les industriels doivent être à l’avant-garde, diffusant une information claire, simple et utile susceptible de modifier le comportement de la population afin de diminuer le risque des intoxications aiguës aux organophosphorés.