Rôle du noyau interposé dans la régulation des mouvements intentionnels chez le singe

Abstract

Cette étude a pour objectif d’analyser les effets de la lésion du noyau interposé sur les caractéristiques temporelles et spatiales de différents mouvements : temps de réaction, temps de mouvement, surface de pointage, et donc de préciser l’intervention de cette structure dans la régulation des différentes phases d’un mouvement : sa phase de déclenchement et les phases initiale et terminale de son exécution. Des lésions électrolytiques unilatérales et bilatérales ont été réalisées chez des babouins entraînés à effectuer divers types de mouvements : - mouvement de retraits : dans cette tâche les sujets sont entraînés à effectuer un retrait de la main placée sur une plate-forme dès l’apparition d’un signal lumineux. - Mouvement de pointages : dans ce cas les sujets sont entraînés à relâcher la plate-forme pour pointer avec l’index une cible lumineuse qui peut être fixe ou changer de position au cours de l’exécution du mouvement. L’utilisation de situations expérimentales impliquant des mouvements de trajectoires variables a permis de préciser le rôle du noyau interposé dans la régulation de certains paramètres du mouvement tels que l’amplitude et la direction. L’examen clinique permet de constater l’apparition de troubles posturo-cinétiques de l’hémicorps ipsilatéral à la lésion du noyau interposé. L’analyse cinématographique de la trajectoire de l’extrémité distale de l’index du membre ipsilatéral à la lésion montre une altération de cette trajectoire caractérisée par une hypermétrie plus ou moins prononcée. L’étude des caractéristiques temporelles et spatiales des mouvements a permis de mettre en évidence un ralentissement significatif de la phase initiale de l’exécution du mouvement, une augmentation du temps de mouvement et de la surface de pointage, les conséquences de la lésion étant plus prononcées sur les surfaces de pointage que sur les autres variables (temps de réaction et temps de mouvement). Ces modifications sont parfois accentuées lorsque les caractéristiques spatiales de la trajectoire du mouvement (amplitude et direction) sont modifiées. Cette étude montre donc que la destruction du noyau interposé : 1) est sans effet sur la latence du mouvement. 2) Provoque des modifications des deux phases de l’exécution phase isométrique et phase de transport du membre. 3) Se traduit par un effet très prononcé sur la phase de freinage du mouvement. Ces résultats permettent de suggérer que chez le singe, le noyau interposé interviendrait peu dans l’incitation motrice, mais jouerait un rôle plus important au cours de l’exécution et particulièrement dans le freinage du mouvement. Une récupération progressive des performances motrices s’observe à partir de la 4ème semaine après la lésion unilatérale du noyau interposé. Elle est le plus souvent totale pour le temps de réaction et le temps de mouvement, et partielle pour les surfaces de pointage. Cette récupération pourrait être attribuée à des phénomènes de compensation pris en charge par le noyau interposé contralatéral et/ou par d’autres structures susceptibles de jouer un rôle sans l’exécution motrice.