Résilience aux changements climatiques : reconversion du système d’irrigation gravitaire au système d’irrigation localisée en zone semi-aride

Abstract

Les impacts des changements climatiques sur les besoins en eau des cultures en zones vulnérables ont été caractérisés pour une zone semi-aride modèle, à savoir le périmètre irrigué de Tadla. Un espace agricole potentiel sur le territoire marocain, mais plus dépendant à des ressources d’eau en raréfaction. A cet effet, il a été exploité les données agro-climatiques de cette zone pour la période de 1958- 2018 en 28 stations de mesures. Dans ce sens, des expérimentations hydro-agricoles sur les cultures stratégiques ont été menées in situ. Il est constaté sur base de calculs par l’Indice Standardisé des Précipitations (IPS), des fréquences d’années déficitaires, normales et excédentaires en pluie respectivement de : 33% ; 35% et 32%. Par test de Mann-Kendall, il est décelé des tendances à la baisse des précipitations et d’augmentation de la température et d’évapo-transpiration végétale. Aussi, il est repéré des ruptures chronologiques par les tests d’homogénéité de: Pettitt, Lee et Heghinian, Buishand et Hubert, sur pluviométrie, température, évapo-transpiration du végétal et sur aridité en années respectives de : 1978 ; 1989; 1997; 1995; 1978 et 1988. Après rupture chronologique, la pluviométrie se réduit à 36 %, le réchauffement à 1°C. Le déficit du bilan hydrique au sol s’accentue mensuellement entre Mars et Août et annuellement son cumul passe de -805 à - 1 093 mm/an. La période sèche s’allonge de 43 jours sur le Diagramme de Gaussen, l’Indice de De Maritonne régresse de 11,2 à 8,6 unités et le Quotient d’Emberger de 27,8 à 18,7 points. La cartographie SIG spatio-temporelle montre après les ruptures chronologiques précitées, un gradient de dessèchement pluvieux est au sens Ouest-Est et le déplacement des isohyètes de 135 mm/an. Sur carte, le réchauffement atmosphérique et l’élévation de l’ETo, sont plus importants aux parties Sud-Ouest et du Centre-Nord de la zone d’étude ; l’aridité qui est en augmentation, est plus prononcée au Sud-Est de cette zone. Avec le couplage du test de Mann-Kendall et du test de Sen’s, il est constaté des variations significatives des pluies mensuelles en 9 sur 12 mois de l’année, avec sa hausse en Septembre et sa baisse entre Novembre et Juin. Par méthode ACP, il est révélé deux groupements spatiaux pluviométriques homogènes: l’un pour Décembre, Avril, trimestre « Mars-Avril-Mai » et semestres humide-sec; l’autre pour Septembre et Juin. En l’alternative proposée du maintien de la situation actuelle d’adoption du système d’irrigation gravitaire au périmètre de Tadla, les besoins en eau d’irrigation des cultures à l’horizon 2050 augmenteraient de 8 356 à 11 283 m3 par hectare assolé, soit une élévation de 35%. Dans l’autre alternative de la reconversion totale en système d’irrigation localisée, il y aurait un volume réduit en ces besoins en eau à 7 831 m3/ha, soit à l’inverse une baisse de 6% par rapport à la situation de référence. En conséquence, il est attesté le rôle capital de la substitution du système d’irrigation gravitaire classique par d’autre système efficient d’irrigation localisée, dans le processus projeté de la résilience aux changements climatiques en cas de l’agriculture des productions végétales dans une zone semi-aride.