approche neuropsychologique des troubles spécifiques du langage: cas de la dyslexie développementale

Abstract

Le but central du présent travail est d’approfondir notre compréhension des troubles dyslexiques et des facteurs impliqués dans la disparité des performances en lecture chez les élèves arabophones marocains, poursuivant leurs études dans le cycle primaire et le secondaire collégial dans les établissements scolaires de la région Béni Mellal-Khénifra. Notre démarche consiste à analyser les facteurs qui varient sensiblement entre les différents groupes du niveau de lecture. Les résultats ont montré que les compétences en lecture sont très influencées par le milieu socioculturel. Dans les zones précaires 43% des enfants n’ont pas bien réussi les épreuves de lecture proposées, contre 24% seulement dans les zones favorisées. Au total, 34 % de la population initiale étudiée étaient déficitaire en termes de cet apprentissage scolaire. La prévalence des troubles dyslexiques a été estimée de 5,43 % de la population étudiée, les garçons sont les plus touchés que les filles. Les difficultés de lecture et les troubles de nature dyslexiques sont surtout liés au déficit des aptitudes phonologiques. Ces dernières sont hautement influencées par la préscolarisation et le niveau d’instruction des parents et celui des frères et soeurs ainés. De tels facteurs semble être à l'origine des conditions favorables prodiguant à l'enfant un climat stimulant et positif pour les apprentissages scolaires. De même, les données de notre thèse suggèrent que les dyslexiques peuvent mettre en place des stratégies compensatoires, tant au niveau comportemental que neuronal. Le suivi longitudinal a montré que les performances des bons et faibles lecteurs s'améliorent significativement, celles des dyslexiques ont régressé. Chez ces derniers, l'atteinte de la voie phonologique persiste et le déficit s’accroît sur la procédure d'adressage. Un lien très étroit a été révélé entre les difficultés psycho-émotionnelles et les problèmes d'acquisition de lecture. Ainsi, une symptomatologie anxieuse et dépressive plus élevée, associée à une estime de soi très basse, a été observée chez les sujets dyslexiques en les comparant à leurs pairs "normolecteurs". De même, des performances scolaires significativement altérées ont été enregistrées chez les enfants ayant ce trouble neuro-développemental affectant spécifiquement le langage écrit. Ces données interpellent les professionnels de santé d’aborder les troubles dyslexiques comme un véritable problème de santé publique. Elles mettent également en évidence la nécessité de mettre en place des stratégies pluridisciplinaires qui tiennent en compte le bien être émotionnel des enfants et des adolescents en difficultés d’apprentissage et/ou en échec scolaire. Institutionnaliser la dyslexie, pour avoir des aménagements légaux dans la classe et lors des examens, demeure une priorité pour cette catégories d'enfants handicapés.