Contribution à l'étude de la bioremédiation de sols pollués par les champignons saprotrophes telluriques isolés de la région de Settat - cas du Plomb et du Cuivre

Abstract

L’utilisation intensive et abusive des ressources associée au rejet excessif et continu des déchets contribuent à détériorer notre environnement. La pollution par les métaux lourds constitue un risque de préoccupation prioritaire de par leur accumulation et leur transfert qui affectent la chaîne alimentaire et le milieu naturel dans son ensemble, dont spécialement le sol, qui constitue un écosystème complexe abritant de nombreux organismes biologiques. Les sols de la région de Settat sont majoritairement irrigués par les eaux de l’Oued Boumoussa, chargées de polluant métalliques, dont le Plomb et le Cuivre et provenant majoritairement des rejets industriels. L’objectif de bioremédiation présenté dans ce travail a été d’isoler des champignons telluriques saprotrophes de sols pollués par ces métaux et d’étudier leur éventuelle capacité de bioremédiation vis-à-vis du Pb et du Cu. Des échantillons de sol sont prélevés au niveau de quatre points (A, B, C et D), choisis en fonction de leur distance par rapport à la zone industrielle. Une analyse physico-chimique des échantillons de sol prélevé a été effectuée pour caractériser le milieu naturel des souches fongiques préexistantes. La biodiversité fongique a été déterminée pour chaque échantillon de sol après isolement et identification des souches. Un criblage des isolats fongiques est effectué sur la capacité de bioaccumulation de leur biomasse vivante et la capacité de biosorption de la biomasse morte à différentes concentrations testées de Pb et de Cu. L’évaluation d’une éventuelle capacité de bioremédiation a été déduite par la biomasse fongique vivante des isolats qui ont montré un pouvoir d’accumulation et de biosorption du Plomb (Pb) et/ou du Cuivre (Cu). Les teneurs en Pb et en Cu retrouvées dans les échantillons de sol étudiés sont supérieures aux limites autorisées, soit 27 ppm pour le Pb et 38.90 ppm pour le Cu. L’évaluation de la biodiversité a indiqué la présence de 102 isolats, dont 68 champignons filamenteux appartenant principalement aux Genres Aspergillus, Penicillium, Acremonium, Rhizomucor et 34 isolats de levures, dont Rhodotorula, Candida, Cryptococcus, et Trichosporon. L’évaluation qualitative de l’accumulation sur milieu solide a révélé que 10 isolats de champignons filamenteux et 12 isolats de levure avaient un potentiel de bioaccumulation de ces deux métaux étudiés. Tandis que l’évaluation quantitative sur milieu liquide a montré une capacité de bioaccumulation variable selon les isolats ; La meilleure capacité par point d’échantillonnage est enregistrée à 200 ppm de Pb et de Cu pendant 72h de contact chez Aspergillus niger, Acremonium sp. et Rhodotorula glutinis en provenance du sol correspondant au point A. Penicillium simplicissimum, Acremonium sp. et Rhodotorula glutinis proviennent du sol du point B ; Aspergillus niger et Candida versatilis du point C et Aspergillus carbonarius et Rhodotorula glutinis du point D. Ces mêmes isolats ont dévoilé le meilleur potentiel de biosorption à 200 ppm après 3h de contact. Les isolats ayant démontré une bioremédiation importante sont essentiellement Aspergillus niger (A), (C), Penicillium simplicissimum (B), Aspergillus carbonarius (D), Acremonium sp. (A), (B), Rhodotorula glutinis (A), (B), (D) et Candida versatilis (D). Ces isolats fongiques identifiés par leur capacité de bioremédiation seraient des souches prometteuses pour réduire les fortes teneurs en Pb et en Cu retrouvés au niveau des sols pollués par ces deux métaux, avec moins d'apport de produits chimiques, d'énergie et de temps.