Profil épidémiologique et histologique du cancer bronchique de la femme (94 observations de 1979 à 1990)

Abstract

Ce travail vise à faire le point des caractères épidémiologiques du carcinome bronchique primitif (C B P) chez la femme à partir des observations recueillis dans le service de Pneumologie et de chirurgie thoracique du CHU de Rabat de 1979 à 1990. Notre étude est rétrospective pour les dossiers de 1979 à 1987 et prospective pour ceux de 1988 à 1990. Nous avons dénombré et examiné 94 cas de cancers broncho-pulmonaires primitifs chez la femme marocaine prouvés histologiquement. Nous avons constaté une nette progression du cancer des bronches chez la femme marocaine surtout de la période rétrospective à la période prospective, et par rapport aux séries antérieurement étudiées au Maroc : 9% des C B P de 1979 à 1987 et 11,4% de 1988 à 1990. L’âge d’apparition de la maladie chez la femme marocaine est plus précoce que chez l’homme. Cet âge moyen d’apparition pour la femme marocaine est de 53 ans environ contre 57 ans pour l’homme. Par rapport à celui calculé par RAFI en 1974. Il a relativement baissé d’un an. Parmi nos patients, 8% seulement travaillaient. Dorénavant, compte tenu de l’insertion socio-professionnel progressive de la femme marocaine dans la vie active, il n’est pas exclu que ce facteur se fasse ressentir. Nos patientes étaient en majorité (68,5%) des citadines, mais nous avons constaté que la proportion des malades d’origine rurale a augmenté de la première période 1979-1987 (20,6%) à la deuxième période 1988-1990 (37,9%). Nous n’avons pas trouvé d’explication satisfaisante à cette constatation. Concernant la situation familiale 72,7% des femmes sont mariées (95% pour les hommes), 23,9% sont veuves (1,4% pour les hommes), 1,1% sont divorcées (0,9% pour les hommes) et 2,3% sont célibataires (2,7% pour les hommes). La répartition en fonction du niveau d’instruction montre que 89,9% des femmes n’ont jamais été scolarisées (70,8% pour les hommes), 2,5% avaient le niveau de l’école coranique (11,7% pour les hommes), 3,8% avaient le niveau de l’enseignement primaire (7,3% pour les hommes), 2,5% le niveau de l’enseignement secondaire (8,2% pour les hommes) et 1,3% le niveau de l’enseignement supérieur (2% pour les hommes). Concernant la couverture sociale, 5,1% des femmes seulement en avaient (contre 18,7% pour les hommes). La répartition en fonction du tabagisme montre 19,1% de femmes qui fument contre 93,1% pour les hommes. Cette proportion a augmenté de 14,3% pour la période 1977-1987 à 22% pour la période 1988-1990, alors que pour les hommes, le pourcentage des fumeurs est resté à peu près le même. 21,9% des malades citadines fument contre 10,3% seulement des rurales (94% pour les hommes citadines et 86,8% pour les hommes ruraux). L’âge moyen du début du tabagisme est de 23,8 ans (contre 19,1 ans pour les hommes). Chez les malades qui ne fument pas, 17% étaient soumises à un tabagisme passif (contre 3,3% des hommes qui ne fument pas). Un alcoolisme minime ou modéré est noté chez 3,4% des femmes (contre 22,5% des hommes). Des antécédents de tuberculose pulmonaire sont retrouvés chez 6,4% des femmes (8,3% pour les hommes). Des antécédents de tuberculose pulmonaire sont retrouvés chez 6,4% des femmes (8,3% pour les hommes). Des antécédents respiratoires non tuberculeux sont retrouvés chez 3,2% des femmes (7,1% pour les hommes), avec une bronchite chronique chez 5,1% des femmes (13,4% pour les hommes). Les types histologiques du cancer bronchique des femmes de notre série se répartissent comme suit : épidermoïde : 57,4% (69,7% pour les hommes), adénocarcinome : 31% (12,3% pour les hommes) anaplasique à petites cellules : 7,4% (11,9% pour les hommes) indéterminés : 3,2% (6,1% pour les hommes). Le carcinome épidermoïde est noté chez 92,3% des femmes qui fument et 50% de celles qui ne fument pas. Nous avons vu donc que la fréquence du cancer bronchique de la femme marocaine augmente. Cette progression est plus nette chez la femme rurale. Le cancer bronchique apparaît chez la femme à un âge plus jeune que chez l’homme. La proportion des femmes qui fument est faible mais est en progression. Le type histologique le plus fréquent est le carcinome épidermoïde mais son taux est plus faible que celui observé chez l’homme. Il est nettement prédominant chez les malades qui fument. L’adénocarcinome est très nettement plus fréquent chez la femme que chez l’homme. Nous sommes convaincus qu’avec le tabagisme de la femme de plus en plus fréquent, nous verrons malheureusement de plus en plus de cancers bronchiques chez la femme.