Leptospirose grave de l'adulte : Facteurs pronostiques

Abstract

Introduction : La leptospirose est l’une des anthropozoonoses les plus répandues dans le monde. Les formes graves ne sont pas rares et peuvent menacer le pronostic vital. Le but de notre travail est de déterminer les facteurs pronostiques corrélés à la mortalité. Matériel et méthodes : Il s’agit d’une étude portant sur les cas de leptospirose grave hospitalisés consécutivement en réanimation médicale entre 1992 et 1998. Les critères d’inclusion étaient : un tableau clinique évocateur, une confirmation sérologique et la présence d’au moins un des critères de gravité tels qu’ils sont définis par Bazin et Duval. 93 items ont été recueillis pour l’analyse (épidémiologique, clinique, paraclinique, thérapeutique et évolutive). Le groupe des patients décédés et celui des survivants ont été comparés. Pour l’analyse univariée, les variables qualitatives sont été comparées à l’aide du test de Chi 2 ou du test exact de Fisher en cas d’effectif faible et les variables quantitatives par le test non paramétrique de Mann-Whitney. L’analyse multivariée a fait appel au modèle de régression logistique multiple pas à pas ascendant. Résultats : Cinquante-cinq cas de leptospirose grave ont été colligés : 7 femmes et 48 hommes, âge moyen = 37,9 ± 15,4 ans, IGS II = 31,2 ± 10,4. Les atteintes viscérales sont dominées par l’insuffisance rénale (100% des cas), l’ictère (94,5%), le syndrome hémorragique (67,7%), l’atteinte respiratoire (41,8%) et les troubles neurologiques (39,1%). Seize de nos patients sont décédés (29,1%). L’analyse urinaire a retrouvé comme facteurs significativement liés à la mortalité : les sources de gravité élevés (IGS I, IGS II et APACHE II), la présence d’un collapsus, d’une tachypnée, de troubles de la conscience, d’une hyponatrémie, d’une hyperurémie et le recours aux drogues vasopressives et à la ventilation mécanique. En analyse multivariée, trois facteurs indépendants semblent liés à la mortalité : la présence d’une pneumopathie radiologique (p=0,0089 ; O.R=7,9 ; IC95%=1,7 – 37,4), un taux de créatininémie > 50 mg/l (p=0,014 ; O.R=13,2 ; IC95%=1,7 – 103,9) et un taux de prothrombine < 65% (p=0,021 ; O.R=6,8 ; IC95%=1,3 – 34,6). Conclusion : Selon notre modèle, l’atteinte pulmonaire et l’hypoprothrombinémie s’associent à l’atteinte rénale dans le mauvais pronostic des formes graves de leptospirose.