Effets de la sous nutrition chez le rat : Etude comportementale et neurochimique

Abstract

La malnutrition protéique et la sous nutrition provoquent un développement anormal du cerveau. Différents déficits structuraux et fonctionnels sont observés en fonction du type, de l’âge et de la durée de la malnutrition. Dans le présent travail, nous avons étudié les effets d’une sous nutrition sur le comportement, l’apprentissage, la sensibilité à la chaleur, l’activité locomotrice circadienne et la neurochimie des monoamines chez le rat Wistar. Nous avons imposé la sous nutrition à deux âges, au moment du sevrage et chez le rat adulte âgé de 2 mois. Au moment du sevrage, une sous nutrition de trois semaines induit une hyperactivité et une hypersensibilité à la chaleur. Une perturbation du métabolisme de la dopamine a été mise en évidence dans le striatum, alors qu’aucune modification n’a été observée pour la sérotonine. Ces résultats seraient en faveur d’une perturbation du métabolisme dopaminergique qui serait à l’origine de la diminution de la sensibilité des récepteurs aux drogues comme l’amphétamine et l’halopéridol agissant par l’intermédiaire de ce système. La sous nutrition n’a pas d’effet sur l’apprentissage et la rétention; celle-ci est cependant dégradée après injection d’halopéridol chez le rat témoin mais pas chez le rat sous nourri. Chez l’adulte, une sous nutrition de même durée ne provoque pas d’hyperactivité et la réponse à l’amphétamine et à l’halopéridol reste la même chez les rats témoins et sous nourris. Ces derniers présentent, en revanche, une hypersensibilité à la chaleur. L’observation de l’activité locomotrice circadienne, dans un cycle de lumière et d’obscurité 12/12, des rats sous nourris à l’âge adulte met en exergue une avance du début d’activité pouvant atteindre 7 heures. La sous nutrition induit un changement du mode de distribution d’activité locomotrice avec une augmentation de l’activité diurne chez le rat connu pour être un rongeur nocturne. L’hyperactivité et l’hypersensibilité à la chaleur mises en évidence chez le rat après une sous nutrition imposée au moment du sevrage seraient en faveur de l’existence d’un état d’hyperréactivité sous jacent à la sous nutrition. Ainsi en dépit de l’intérêt porté à la période prénatale, souvent étudiée dans la littérature, les déficits comportementaux sont importants après une sous nutrition au moment du sevrage. Nous avons ainsi montré la vulnérabilité de cette période post natale à la sous nutrition.