Elimination de la schistosomiase urinaire au Maroc : Arguments sérologiques et malacologiques et approche de la surveillance

Abstract

Le Maroc est l’un des huit pays à avoir élaboré, exécuté et réussi un processus d’élimination de la bilharziose à S. haematobium, et ce depuis 2004. Néanmoins, pour confirmer l’interruption de la transmission de la maladie, l’OMS recommande le dépistage sérologique de la bilharziose chez les enfants, combiné avec la détection moléculaire de l'infection à S. haematobium chez les bulins, cinq ans après la déclaration du dernier cas autochtone. Dans cette optique, en 2009, nous avons réalisé de pair, une étude sérologique et malacologique dans les provinces à passé épidémiologique récent et à risque potentiel de transmission de la bilharziose: Tata, Errachidia, Chtouka Aït Baha, El Kelaâ des Sraghna, et Béni Mellal. L’étude sérologique a ciblé tous les enfants âgés de moins de 16 ans, habitants les secteurs ou les derniers cas ont été détectés. Une goutte de sang de la pulpe digitale est recueillie directement sur du papier buvard. L’examen sérologique est réalisé par l’Enzymo-Immuno Transfert Blot, à base des antigènes microsomales de S. haematobium. L’analyse de l’infectivité des bulins, collectés aux niveaux des gites, est réalisée par la DraI PCR spécifique des schistosomes du groupe haematobium, et confirmée par la Sh110 SmSL PCR, spécifique de S. haematobium. Les résultats ont montré l’absence d’anticorps anti S. haematobium chez les 2382 enfants dépistés et l’absence de l’infectivité chez les bulins collectés à Errachidia et Chtouka ; tandis qu’à Béni Mellal, Tata et El Kelaâ des Sraghna, les bulins présentent des traces d’ADN de S. haematobium ou S. bovis. Ces mollusques, examinés par Sh110 SmSL PCR, ont montrés l’absence de trace d’ADN de S. haematobium et réfèrent les résultats positifs du DraI PCR aux réactions croisées avec S. bovis. Pour maintenir l’élimination et prévenir la réémergence de la maladie, nous avons réalisé une étude bibliographique sur les tests sérologique et malacologique performants afin de renforcer le système de surveillance/veille sanitaire. L’approche de surveillance proposée, consiste à introduire le dépistage basé sur des tests sérologiques rapides, tel que l’HAI (commercialisé). L'infection active sera confirmée par les tests de détection des antigènes tels que les tests RDT filtration ou FTUCP (commercialisé). La surveillance malacologique et l'examen de l'infectivité seront réalisés par le test récemment développé PCR DraI/Sh73. L’évaluation de ce test dans une étude pilote à la commune de Krifat de Fkih Ben Saleh, a montré qu’il est hautement sensible. La gestion de la surveillance/veille sanitaire proposée dépend du niveau de risque de réémergence de la maladie de chaque aire géographique.