Leishmaniose Canine: mise au point d'un modèle expérimental chien-Leishmania infantum, essais de vaccination et seroprevalance dans la région de Nador

Abstract

Au Maroc, comme dans les autres pays du pourtour circum-méditerranéen, la leishmaniose canine à leishmania infantum constitue une zoonose majeure. Cette maladie est grave tant par son impact sur la santé de l’animal que par ses conséquences sur le plan de la santé publique. Les travaux présentés dans cette thèse contribuent au renforcement des connaissances sur l’enzootie canine dans le Rif et utilisent, après sa mise au point, le modèle expérimental chien-L.infantum pour étudier physiopathologie et l’immunologie de la maladie et pour évaluer la protection que confèrent au chien trois molécules « candidats vaccins » qui ont toutes montré un fort pouvoir protecteur de la souris Balb/C contre le parasite. Après avoir mise en point un test ELISE (enzyme linked immunosorbent assay), nous avons procédé à la comparaison de ses performances à celles de la méthode de référence : l’immunofluorescence indirect (IFI). La méthode ELISE s’est révélée d’une meilleure valeur diagnostique en raison de sa grande sensibilité et de sa capacité de détecter les anticorps spécifiques à un stade plus précoce de l’infection. De plus, elle s’est montrée plus adaptée au dépistage de masse. L’utilisation de la technique d’immuno-empreinte nous a permis de détecter deux protéines (14 et 16 KD) dotée d’un haut potentiel diagnostique. Les anticorps dirigés contre ces polypeptides sont spécifiquement rentrés chez les chiens infectés par L.infantum. Outre leur potentiel diagnostic, ces protéines sont des candidats intéressants pour une éventuelle utilisation à des fins immunoprophylactiques. L’enquête sérologique effectuée dans la province de Nador a montré l’importance de l’enzootie canine dans cette région. Les résultats indiquent que le versant nord-est des montagnes du Rif est l’un des foyers méditerranéens les plus actifs de leishmaniose viscérale et confirment le rôle que joue le chien comme principal réservoir de L.infantum aussi bien pour l’espèce canine que pour l’homme. L’intérêt de l’étude de la physiopathologie et de l’immunologie de la maladie chez son hôte naturel permet de reproduire l’infection naturelle, d’en étudier ces différents aspects cliniques, physiopathologiques et de l’immunologiques et d’effectuer des essais thérapeutiques et de vaccination. Grâce à l’utilisation du modèle expérimental, nous avons étudié le pouvoir immunoprotecteur de trois protéines « candidats-vaccins » : la LNP18, la P20 et la GP63 chez l’hôte naturel du parasite. Cette étude a montré qu’aucune de ces protéines n’induit un effet protecteur contre l’infection du chien par L.infantum. en effet comme les animaux témoins, tous les animaux « immunisés » puis soumis à une infection d’épreuve ont montré les parasites dans leurs système réticulo-histiocytaire et un profil immunitaire d’hôte sensible, avec une forte réponse humorale anti-L.infantum, en l’absence de réaction cellulaire susceptible d’avorter l’infection.