Evaluation de la qualité des eaux de surface et leurs relations avec certaines maladies hydriques (cas de la ville de Fès)

Abstract

Ces dernières années, la qualité des eaux de surface de la ville de Fès s’est dégradée à cause de fortes activités anthropiques. Ceci pourrait engendrer des maladies à transmission hydrique telles que la fièvre typhoïde, les hépatites virales, la gastro-entérite, la dysenterie… Le présent travail s’intéresse à l’établissement d’une corrélation entre la qualité physico-chimique et bactériologique des eaux de surface de la ville de Fès traversant les zones les plus polluées et la répartition géographique des incidences de deux maladies liées à l’eau, la fièvre typhoïde et les hépatites virales épidémiques tout en examinant les facteurs y influençant. Dans un premier temps, nous avons réalisé, un diagnostic au niveau des arrondissements et communes de la ville de Fès qui nous a permis : - de souligner que la population est en croissance démographique considérable à titre de 2 % par an, avec la plus forte condensation au Nord-Est de la ville. Pour les hépatites virales et la fièvre typhoïde pendant l’année 2015, la préfecture de Fès représente les taux les plus élevés des incidences annuelles au niveau régional, et bien classée à l’échelle nationale ; - d’identifier les eaux de surface des zones les plus sensibles à la pollution : 5 points de prélèvement des oueds d’une zone périurbaine (A) à Ain Kansara et 6 points des oueds de la zone urbaine Ain Kadous (B) située au Nord-Est de la ville. Dans un deuxième temps, nous avons effectué une évaluation spatio-temporelle saisonnière de la qualité physico-chimique et bactériologique des eaux de la zone A des 2 années 2015 et 2016 et mensuelle de la zone B pendant l’année 2017, avec un focus sur la période de trituration des olives. Les résultats de cette partie nous ont servi pour déterminer la qualité globale des eaux de surface ainsi étudiées, moyennant le système de l’évaluation de la qualité globale des eaux de surface (SEQ-Eau). Ensuite, nous avons procédé à une cartographie spatiale, moyennant les outils SIG, suivie d’un traitement statistique des données environnementales et épidémiologiques afin de les corréler avec la répartition géographique de l’incidence des infections pathologiques causées par la pollution des eaux. Le suivi spatio-temporel, des différents paramètres définissant la qualité des eaux, montre que l’aval d’Oued Fès allant jusqu’au tronçon d’Oued Sebou et les sites existant à l’Est-Nord de la ville et au quartier Ain Kadous sont les plus pollués. Pendant toute la période d’études 2015, 2016 et 2017. Ils se caractérisent par une forte pollution chronique d’origine organique, phosphorique et métallique. La cartographie de la répartition spatiale des maladies à transmission hydrique, au palier des différents arrondissements de la ville de Fès à l’égard de l’année 2017, illustre que les taux d’incidence des maladies étudiées sont très élevés à l’Est-Nord de la ville. Ces maladies parviennent à 80 % pour les hépatites virales et 71 % pour la fièvre typhoïde indiquant ainsi que le district Ain Kadous est le premier responsable de la propagation de ces maladies épidémiques et à transmission hydrique au niveau de la ville de Fès. La matrice de calcul correspondant à la corrélation entre l’incidence des maladies étudiées, la pollution des eaux de surface et les facteurs de risque, pour les six sites identifiés très pollués au niveau de la ville de Fès a mis en relief le quartier Ain kadous qui représente les incidences les plus élevées en fièvre typhoïde et hépatite virale surtout pour la population ayant une tranche d’âge comprise entre 04 et 15 ans. Les facteurs responsables relevés, parmi autres, correspondent majoritairement à la mauvaise qualité bactériologique des eaux étudiées, à la densité populaire élevée dépassant les 15 % pour l’arrondissement El Mérinides, aux mauvaises pratiques d’hygiène (défécation à l’air libre, mains sales, baignade des petits enfants,…) et d’exploitation irresponsables des ressources naturelles, des terres agricoles et des espaces verts, de l’inconscience des industriels et de la population, de la mauvaise gestion des eaux usées, notamment, des activités artisanales,… Les résultats ainsi obtenus corroborent ceux des données recensées et pourraient être d’une grande utilité aux services de la santé et de l’environnement et aux décideurs de la ville de Fès.