Etude de la consanguinité et de la biodémographie dans une population de Tiflet (Nord-Ouest du Maroc)

Abstract

Dans une population donnée, l’ampleur et l’évolution de l’endogamie et de l’exogamie sont de bons indicateurs de la répartition, de la structure et de l’hétérogénéité du patrimoine génétique. L’endogamie est comptée parmi les facteurs assurant l’immobilité sociale et, par conséquent, l’isolement génétique de différents regroupements. La pratique du mariage consanguin reste encore très répandue au Maroc comme dans le monde arabo-musulman où les coutumes et les motivations d’ordre culturel, économique et social ont le plus souvent une influence sur le choix matrimonial à l’intérieur de la famille. Bien que les résultats de plusieurs recherches confirment l’implication de la consanguinité dans les problèmes de santé, certains pays conservent encore ce comportement matrimonial. L’objectif principal de notre étude est de déterminer le taux de l’endogamie géographique, de définir les facteurs déterminant le mariage consanguin et de dévoiler l’impact de ces pratiques matrimoniales sur la santé des descendants dans la ville de Tiflet et ses environs –Nord-Ouest du Maroc). Pour bien élucider la situation sociale de cette pratique, une enquête prospective a été réalisée sur 1000 couples échantillonnés au hasard entre juin et novembre de l’année 2012. Les résultats obtenus révèlent des niveaux élevés de l’endogamie géographique et de l’immobilité sociale. Comparés avec d’autres résultats obtenus dans différentes régions marocaines, nos résultats témoignent que la population de Tiflet est une population fermée. En effet, les résultats montrent un niveau de consanguinité élevé (38.9%) avec un coefficient de consanguinité qui atteint 0.0564 ainsi une association significative entre le mariage consanguin et les facteurs géographiques et socio-culturels tels que le lieu de résidence avant mariage, le niveau d’instruction, la profession et l’âge au mariage. L’étude de la patronymie, comme méthode de mesure de la consanguinité, témoigne que le pourcentage de consanguinité à travers l’isonymie corrèle positivement avec le pourcentage de consanguinité. L’évaluation de l’impact biologique des mariages consanguins indique, d’une part, un effet néfaste de la consanguinité sur l’avortement, sur la mortalité infantile, sur la mortalité juvénile et sur la mortalité des descendants de 5 ans et plus et, d’une autre part, une relation hautement significative entre la consanguinité et quelques maladies, à savoir le retard mental, la paraplégie cérébrale, le strabisme, la phénylcétonurie, la surdi-mutité et l’hydrocéphalie.