Développement de la PCR multiplexe associée à l’analyse de fragments pour le génotypage des papillomavirus humains (HPV) oncogènes et étude de leur distribution dans la région de Fès

Abstract

Le génotypage des papillomavirus humains (HPV) est un élément déterminant dans la prévention du cancer du col de l’utérus. Il permet l’évaluation de l’impact d’un programme de vaccination d’une part et l’identification précoce des patientes à risque d’autre part. Plusieurs techniques de génotypage des HPV sont sur le marché mais aucune n’est recommandée comme standard. Le coût élevé de ces techniques les rend inaccessibles pour les pays en voie de développement où plus de 80% des décès liés au cancer du col de l’utérus sont observés. L’objectif de ce travail est de développer une technique de génotypage des HPV carcinogènes et de déterminer la distribution des HPV oncogènes ainsi que les facteurs de risque de l'infection dans la région de Fès. La technique développée consiste en deux PCR multiplex suivies d'une analyse de fragments. Elle permet l’identification spécifique des douze HPV carcinogènes de groupe 1 (HPV16, HPV18, HPV31, HPV33, HPV35, HPV39, HPV45, HPV51, HPV52, HPV56, HPV58 et HPV59) et de quatre HPV du groupe 2A (HPV53, HPV68, HPV73 et HPV82). La particularité des PCR réside dans l'utilisation d'une seule amorce sens commune à tous les génotypes et de quinze amorces antisens marquées. La technique a été optimisée sur des clones de génomes viraux, testée sur les prélèvements cervico-vaginaux puis évaluée en la comparant avec le séquençage. Très spécifique, elle présente une grande sensibilité, une facilité de manipulation et d’interprétation des résultats ce qui la rend utilisable pour les analyses en routine au laboratoire. L’étude de la distribution des HPV a été réalisée sur des prélèvements cervico-vaginaux obtenus de 1054 patientes consentantes consultant au CHU Hassan II de Fès. La prévalence de l’infection à HPV est de 39,8% avec 10,2% de HPV carcinogènes. HPV53 est le plus répandu (2,7%) suivi de HPV16 (2,6%), HPV35 (1,9%), HPV51 (1,1%) et HPV18 (0,7%). Le profile épidémiologique de l’infection à HPV dans la population étudiée est similaire à celui observé dans certains pays d’Afrique sub-saharienne et d’Amérique Latine. Les lésions cellulaires observées sont significativement associées à l’âge des patientes, au nombre de grossesses et à l’infection à HPV plus particulièrement aux génotypes HPV16, HPV35 et HPV45. La distribution des génotypes suppose que le vaccin nonavalent serait plus approprié dans la région de Fès. Toutefois, des études à l’échelle nationale de la distribution des différents génotypes et leurs associations avec les lésions et cancers cervicaux permettront la conception et la mise en place d’un programme de prévention adéquat au Maroc.