Hibernation et plasticité saisonnière des neuropeptides RFamides Hypothalamiques chez la Gerboise.

Abstract

La gerboise (Jaculus Orientalis) qui est un rongeur semi-désertique du Maroc et à reproduction saisonnière a été décrit auparavant comme étant un vrai hibernant, mais les données concernant les variations de sa température corporelle en fonction des saisons, ainsi que l’implication des neuropeptides RF-amides dans le contrôle saisonnier de son cycle de reproduction sont restées inconnues. Nous avons, dans un premier temps déterminé chez différents groupes de gerboises en captivité (Animaux isolés ou groupés) soumis aux variations semi-naturelles de la photopériode et de la température ambiante (Ta), les profils de variation de la température corporelle(Tc) au cours de la saison automne-hiver. En effet, les variations circadiennes et saisonnières de la Ta et de la Tc ont été enregistrées durant deux années consécutives, grâce à des capteurs thermiques (iButtons) implantés dans la cavité abdominale des animaux. Nos résultats montrent que chez les gerboises femelles, 6 parmi les 13 gerboises utilisées ont manifesté des torpeurs d’hibernation (de 4 à 5 jours) interceptés par des réveils périodiques dont la durée était de 1 à 4 jours, et ce à partir du mois de Novembre jusqu’en février. Par contre, un seul mâle parmi 12, a manifesté quelques torpeurs d’hibernation à la fin de la saison d’hibernation. La castration des mâles n’avait aucun effet sur l’induction de l’hibernation. Par contre, lorsque les gerboises mâles et femelles ont été rassemblées, les mâles étaient induits en hibernation par les femelles et des torpeurs longues sont constatées à la fin de la saison d’hibernation. Dans un deuxième temps, nous nous sommes intéressés à l’expression de deux neuropeptides (kisspeptine et RFRP-3) et aux éventuelles variations de leur expression dans l’hypothalamus en fonction du cycle de reproduction de la gerboise. Une telle approche a été faite par immunocytochimie indirecte. Nos résultats montrent qu’à l’instar d’autres mammifères, les neurones à Kisspeptine ont été trouvés dans deux structures principales : le noyau antéro ventral périventriculaire et le noyau arqué. Les neurones à RFRP-3 ont été observés plutôt dans la région dorso/ventromédiane de l’hypothalamus. Un dimorphisme sexuel a été bien démontré pendant le printemps, avec une augmentation remarquable du nombre des neurones immunoréactifs Kp (9 fois plus) et une densité des fibres (2fois plus importante) chez les femelles que chez les mâles. Par ailleurs, une plasticité saisonnière a été observée dans l’expression des deux neuropeptides avec une augmentation du nombre des neurones à Kp et des neurones à RFRP-3 chez les mâles sexuellement actifs (printemps) par rapport à ceux capturés en automne et qui sont sexuellement inactifs. Dans le noyau arqué, l’immunoréactivité des corps cellulaires et des fibres nerveuses était significativement plus importante chez les animaux du printemps par rapport à ceux de l’automne. Similairement, le nombre des neurones à RFRP-3 dans le noyau ventro/dorsomédian de l’hypothalamus était approximativement 3 fois plus important chez les gerboises capturées au printemps par rapport à celles inactives capturées en automne. En résumé, nos travaux mettent en relief quelques paramètres qui caractérisent l’hibernation de la gerboise. Ils mettent aussi en évidence pour la première fois l’expression et la distribution de Kp et RFRP-3 dans le cerveau de cette espèce désertique. L’expression des deux neuropeptides augmente pendant le printemps par rapport à l’automne. Ce qui suggère que les deux peptides RF-amides peuvent agir en concert pour synchroniser l’activité gonadotrope de la gerboise en fonction des saisons.