Intégration de la phyto-diversité dans la gestion des eaux de surface. Cas du bassin versant de l’oued Inaouène et environs (Nord-ouest du Maroc)

Abstract

L’oued Inaouène, affluent de l’oued Sebou (Nord du Maroc), a une largeur moyenne du lit moyen de 180 m. Les facteurs affectant la qualité morphologique, physicochimique et écologique de l’oued Inaouène sont multiples, à savoir les facteurs du milieu (submersion, nutriments, salinité, niveau de la nappe phréatique, etc.) et les facteurs anthropiques (rejets des eaux usées et travaux d'aménagements). Ces facteurs sont responsables de zonations amont-aval et transversale de la végétation fluviale. L’effet négatif du barrage Idriss 1er sur le système fluvial est mis en avant. L'étude de la végétation riveraine de l'oued Inaouène et ses affluents a permis d'identifier 308 taxa appartenant à 181 genres et 55 familles botaniques ; le nombre d’hygrophytes égale 81 taxa. Les familles botaniques les plus représentées (53% de l’effectif spécifique global) correspondent aux Asteraceae, Poaceae, Fabaceae, Brassicaceae, Apiaceae et Polygonaceae. Sur les 31 espèces identifiées, à vertus médicinales, artisanales, alimentaires, etc., les riverains de l’oued Inaouène ne se sont intéressés que par un nombre très limité et ne dépendent que partiellement de cette ressource, à cause de sa rareté. L’espèce la plus utilisée à l’oued Inaouène est l’Arundo donax, et génère aux riverains des revenus importants. D’autre part, l’évaluation de l’état d’exploitation des plantes par la population locale et son interaction avec le bassin versant et les ressources en eau dans le bassin versant nord-ouest de l’oued Inaouène et environs nous a permis d’identifier 128 espèces et sous- espèces végétales utilisées en alimentation (60 %) et/ou en médecine traditionnelle (52 %). Le produit financier des espèces commercialisées est très variable, avec une moyenne totale de 16464 dh.ha־¹an־¹. Capparis spinosa et Olea europaea ont informellement une grande importance économique. De plus, la végétation peut jouer d’autres rôles, à savoir la protection des berges contre l’érosion, la génération d’habitat, l’épuration des eaux, la bio-indication, la recharge des nappes souterraines, etc. La dépendance de la population vis-à-vis des ressources végétales aurait sans doute des répercussions négatives sur les eaux superficielles et des mesures plus rationnelles restent à entreprendre, à savoir l’implantation d’hygrophytes autochtones et le maintien d’un débit écologique dans le tronçon aval du barrage Idriss 1er.