Sensibilité des moustiques (Diptera : Culicidae) vecteurs de maladies parasitaires vis-à-vis des insecticides, des huiles essentielles et des extraits aqueux de plantes médicinales et aromatiques dans la ville de Fès

Abstract

Les maladies à transmission vectorielle constituent toujours un problème de santé publique. Durant ces dernières années, le Maroc a connu le problème de la résistance aux insecticides utilisés dans la lutte anti-vectorielle. Cette situation a incité l’autorité compétente dans le domaine (Ministre de Santé) et la communauté scientifique à chercher des alternatives qui respectent l’environnement et d’éviter toute sorte de préjudice potentiel à la santé publique. Notre contribution opte pour l’objectif de tester des produits naturels ainsi que des insecticides contre les moustiques vecteurs de maladies. Cette approche a un double intérêt qui convergent la valorisation du patrimoine végétal national et la mise au point de bio-insecticide écologique. Notre choix a porté sur les insecticides utilisés par le Ministre de la Santé, les huiles essentielles et les extraits aqueux. Ces dernières sont disponibles en grande quantités au Maroc et pourraient avoir une l’arge activité insecticide et larvicide. L’activité de quatre insecticides (Malathion, Fenthion, Téméphos et Fenitrothion) a été étudiée sur les larves de Culex pipiens responsable de nuissances et de transmissions de certaines maladies vectorielle. Leurs CL50 sont respectivement de 0,0066 ; 0,0081 ; 0,0053 ; 0,0069 mg/l et leurs CL90 de 0,0228 ; 0,0188 ; 0,0305 et 0,0314 mg/l. Les populations de Culex pipiens étudiées présentent une résistance importante pour le Téméphos (13,26), l’insecticide le plus utilisé localement dans la lutte antilarvaire, et le Fénitrothion (13,47). Un début de résistance a été observé pour le Malathion (9,91) et le Fenthion (8,17). La sensibilité des populations locales de l’espèce Anopheles labranchiae vecteur du paludisme autochtone vis-à-vis de quatre insecticides le Téméphos, le Chlorpyriphos, le Fenitrothion et le Fenthion a été également étudiée. Les CL50 et les CL95 ont été déterminées pour les 4 insecticides. Les CL50 étaient de l’ordre de 0,0023 mg/l ; 0,0121 mg/l ; 0,0040 mg/l et 0,0040 mg/l et les CL95 de 0,1177 mg/l ; 0,4950 mg/l ; 0,0716 mg/l et 0,1041 mg/l respectivement pour le Téméphos, le Chlorpyriphos, le Fenitrothion et le Fenthion. La mortalité à la dose diagnostique du Téméphos utilisée au niveau national pour la surveillance de la sensibilité d’Anopheles labranchiae a été également calculée. La dose diagnostique du Téméphos (0,1 mg/l) étudiée durant les deux années 2013 et 2014 a provoqué une mortalité de 99%. L’étude ethnobotanique a montré que divers organes en provenance de 22 espèces de plantes, sont utilisés par la population de la ville de Fès comme bio-insecticides. Les résultats obtenus montrent que parmi les 14 familles recensées, la famille des Lamiacées est la plus représentée entre elles par un effectif de sept espèces. Les feuilles, les tiges et les fleurs constituent les parties la plus utilisées. Cette enquête nous a permis l’identifier et le choix des plantes pour nous études ultérieures. Les huiles essentielles évaluées, ont montré dans leur majorité, une intéressante activité larvicide envers les Culex pipiens, particulièrement les huiles essentielles de Thymus vulgaris, avec une CL50 de 102,02 ppm et une CL90 de l'ordre de 179,18 ppm. Citrus aurantium, Origanum majorana et Citrus sinensis présentent respectivement des CL50 de 139,48 ppm, 258,71 ppm et 280,82 ppm, et des CL90 de 212,04 ppm, 580,49 ppm et 516,25 ppm. L’huile essentielle de Citrus aurantium demeure la plus efficace sur l’Anopheles labranchiae, avec une valeur de CL50 de 22,64 ppm et une CL90= 83,773 ppm, suivi de Citrus sinensis avec une CL50 de 77,54 ppm et une CL90 de 351,33ppm, l’Origanum majorana avec une CL50 de 107,13 ppm et une CL90 de l'ordre de 365,9 ppm et le Thymus vulgaris a présenté une CL50 de 351,63ppm et une CL90 de 621,34 ppm. L'extrait de Nerium oleander et celui de Rosmarinus officinalis constituent des larvicides prometteurs pour la lutte contre les moustiques nuisibles (Culex pipiens), avec une CL50 de 57,57 et 75,09 mg/ml et une CL90 de 166,35 et de 203,94 mg/ml. Pour les autres extraits, le Citrus aurantium et le Citrus sinensisont présenté respectivement la valeur de CL50 de 114,13 et 231,43 mg/ml et la CL90 de l’ordre de 303,26 et 4149,42 mg/ml. L'extrait de l'Ocimum basilicum a été trouvé plus efficace contre les larves d’Anopheles labranchiae avec une CL50 de 23,7 mg/ml et une CL90 de 30,7 mg/ml. Les CL50 et les CL90 de Nerium oleandre, Citrus sinensis et Citrus aurantium ont été mesuré avec des valeurs respectivement de l’ordre de 39,1 et 79,1 mg/ml ; 54 et 85,36 mg/ml et 62,9 et 99,16 mg/ml.