Vers d’innovants conservateurs naturels pour la cosmétique : Applications du challenge test et évaluation de leurs activités biologiques

Abstract

La sécurité microbiologique des produits cosmétiques suscite un intérêt très important pour les industries. En effet, les produits industrialisés (cosmétiques, pharmaceutiques, agroalimentaires, etc..) sont exposés facilement aux contaminations microbiennes, qui peuvent provoquer d’importants changements sur leurs compositions. Dans le but de palier à ce phénomène qui pose un réel problème, ces produits sont supplémentés de conservateurs chimiques qui ont pour rôle principal, l’inhibition de la croissance des microorganismes. Malheureusement, ces conservateurs sont à l’origine de phénomènes toxiques très sévères. Dans ce contexte, nous avons entrepris cette étude qui consiste à développer des conservateurs naturels et à étudier leur innocuité clinique (Patch test) et expérimentale (OPI). Pour ce faire, nous avons réalisé dans un premier temps une enquête ethnopharmacologique dans la région de Sefrou afin de relever certaines plantes réputées antiseptiques dans l’usage traditionnel de cette région. En effet, l’enquête nous a permis de sélectionner 87 plantes qui suscitent un intérêt thérapeutique, particulièrement antiseptique et anti-inflammatoire. Dans un premier temps, nos résultats ont montré que l’extrait de Silene vulgaris et les HE de thym et d’origan ont une activité antimicrobienne intéressante sur les cinq souches de références testées à savoir Staphylococcus aureus, Pseudomonas aeruginosa, Escherichia coli, Candida albicans et Aspergillus brasiliensis avec des CMI variant de 0.02 à 10% par rapport à l’HE de Teucrium polium et Satureja hochreutineri. Quant à l’évaluation de l’efficacité de la conservation de l’extrait de S. vulgaris et des HE de Thymus broussonetti et Origanum elongatum en utilisant le challenge test, la crème élaborée à base de S. vulgaris aux concentrations 10% et 20%, a montré une efficacité conservatrice pendant 28 jours sur toutes les souches en satisfaisant le critère A de la Pharmacopée Européenne. Cependant, les résultats obtenus avec les HE de T. broussonetti et O. elongatum, montrent que la formulation à 2% présente une activité conservatrice intéressante contre S. aureus, E. coli et A. brasiliensis en satisfaisant le critère A de la Pharmacopée Européenne. De plus, l’HE de T. broussonetti à 2% présente une conformité au critère B à 14 jours contre C. albicans par rapport à l’HE d’O. elongatum. Par ailleurs, un criblage phytochimique a été réalisé, en plus de deux techniques chromatographiques HPLC et CPG/MS. Les études phytochimiques de l’extrait de S. vulgaris ont montré la présence des composés phénoliques, essentiellement, les flavonoïdes (apigénine, épicatéchine et lutéoline), les tanins, les acides phénoliques (acide p-coumarique et acide caféique), les coumarines et les saponosides. En outre, l’analyse des huiles étudiées par CPG/MS a conduit à l’identification de plusieurs éléments, dont le thymol et le carvacrol, étaient les principaux composants dans l’HE de T. broussonetti et d’O. elongatum. Quant à l’activité antioxydante de l’extrait de S. vulgaris et des HE, elle a été évaluée par le biais de différentes techniques (ABTS, DPPH, FRAP, β-carotène et HRSA). L’extrait présente une activité très intéressante à piéger le radical hydroxyle, ABTS, DPPH• et à réduire le fer. En outre, l’HE d’O. elongatum présente aussi une activité antioxydante très élevée en utilisant les méthodes DPPH, FRAP et β-carotène par rapport à l’HE de T. broussonetti. De plus, la crème conservée avec l’extrait de S. vulgaris à 20%, a montré un effet anti-inflammatoire aigu avec un pourcentage d’inhibition de l’œdème de 85.71% et une propriété anti-inflammatoire sub-aiguë significative du granulôme du coton (24.23%). De plus, un effet analgésique périphérique très intéressant a été également montré après l’application de la crème à base de cet extrait (48.2%) sans effets secondaires observées lors des études toxicologiques entreprises. En effet, cette crème formulée à base de S. vulgaris est dénuée de tout effet irritant selon la méthode de l’innocuité clinique (Patch test) et le test OPI recommandé comme test toxicologique alternatif aux essais expérimentaux.