Évaluation des activités anti-oxydante, anti-inflammatoire et analgésique de Thapsia garganica L. et Lactuca serriola L. dans l’atténuation des effets des envenimations scorpioniques

Abstract

L’envenimation scorpionique demeure un réel problème de santé publique au Maroc, en particulier dans les régions centrales du pays où l’on en enregistre chaque année les incidences et les létalités les plus élevées surtout chez les enfants du bas âge. L’importance de la phytothérapie dans le traitement des maladies, en particuliers les envenimations scorpioniques, est étudiée pour le développement de nouveaux médicaments naturels. C’est dans ce contexte que s’intègre cette étude destinée à prévenir ce problème de scorpionisme. Elle a comme objectif d’étudier le pouvoir neutralisant du venin scorpionique par des plantes utilisées pour traiter l’envenimation scorpionique dans certaines régions enclavées du Maroc, à travers des études histologiques, biochimiques et certaines activités biologiques. Afin d’identifier les plantes médicinales utilisées par les populations locales des zones d’endémie scorpionique au Maroc dans le traitement des envenimations scorpioniques une enquête ethnobotanique a été réalisée dans les régions Marrakech-Safi et Béni Mellal-Khénifra. Dans ce sens un questionnaire a été élaboré pour recueillir des renseignements auprès des herboristes et des cas piqués, sur le patient et sur le type de traitement utilisé contre ces envenimations réputées dangereuses. Les extraits méthanoliques des feuilles, racines de la plante Thapsia garganica et des parties aériennes de la plante Lactuca serriola ont été obtenus par extraction à l’aide de l’appareil de soxhlet. L’estimation des principaux constituants des plantes étudiées a été réalisée par le criblage phytochimique, la quantification et la qualification des polyphénols par l’HPLC. L’activité antioxydante des extraits de plantes a été évaluée in vitro par les méthodes DPPH, l’inhibition du blanchiment de β-carotène et le pouvoir réducteur. Leur activité anti-inflammatoire a été évaluée en mesurant l’œdème plantaire des souris induit par la carragénine, aussi l’activité analgésique de ces plantes a été évaluée par test de contorsion, test au formol et test de la plaque chauffante chez des souris swiss. Ensuite nous avons testé, l’activité antivenimeuse des feuilles, racines de Thapsia garganica et des parties aériennes de la plante Lactuca serriola contre les venins des scorpions Buthus occitanus et Buthus atlantis à travers des changements histologiques des organes vitaux (cœurs, reins, foie et poumons), et biochimiques de certains marqueurs enzymatiques (ALAT, ASAT, LDH, CPK, Urée, Créatinine) des souris envenimées par voie sous cutanée par une DL50 après 3h, et d’autres souris envenimées et traitées oralement par les extraits méthanoliques des plantes étudiées. Notre étude ethnobotanique a permis d’inventorier 22 espèces de plantes appartenant à 14 familles. Parmi ces espèces Thapsia garganica et Lactuca serriolas ont été les plus utilisées pour traiter les envenimations scorpioniques. Les feuilles et la partie aérienne entière sont les principaux organes utilisés avec une fréquence hautement significative de 30.43%. La décoction est le mode de préparation le plus sollicité et l’administration se fait majoritairement par voie orale (68.6%). Nos résultats ont montré que les DL50 respectives des venins de B. occitanus et B. atlantis administrés par voie sous cutanée de l’ordre de 0.524 mg/kg, 0.4 mg/kg. Les tests de neutralisation ont permis de montrer que la dose de 2g/kg d’extrait methanolique de L. serriola est capable de neutraliser l’effet toxique induit par une injection sous cutanée de DL99 du venin, avec un taux de 66.66%. Les analyses qualitatives et quantitatives révèlent que les extraits méthanoliques étudiés sont très riches en polyphénols avec le taux le plus élevé chez la plante L. serriola (31.816± 3.52 mg EAG/g ES), en flavonoïdes totaux (24.31± 0.56 mg EC/g ES) et en tannins (16.91 mg EC/g ES) pour l’extrait de T. garganica, et la confirmation de ces résultats a été faite par l’identification chromatographique via HPLC. L’évaluation in vitro de l’activité antioxydante a montré que les différents extraits présentent des activités antioxydantes intéressantes, surtout pour la plante L. serriola qui inhibe la β-carotène avec un taux de 73 ± 0.032 µg/ml. L’extrait des feuilles de T. garcanica possèdent un effet piégeur remarquable vis-à-vis du radical DPPH, plus important que les autres extraits avec une concentration de 44.79± 0.003 µg/ml. Les propriétés anti-inflammatoires des extraits ont montré une réduction hautement significative de l’œdème (P<0,001).