Pétrogenèse d'un magmatisme moyennement à fortement potassique : L'exemple du massif panafricain d'Iknioun ( Saghro-oriental, Anti-Atlas, Maroc )

Abstract

Le massif d’Iknioun est un complexe plutonique du Saghro Oriental (Anti-Atlas, Maroc). Il s’est mis en place dans une série gréso-pélitique pendant la phase finale de l’orogenèse panafricaine. Il est constitué de deux granodiorites à amphibole (Tayfast et Iknioun) intrusives dans une association acide-basique composée de cinq unités ; des gabbros, des monzogabbros, des monzogabbros quartziques, des monzonités quartziques et des granophyres anti-rapakivi. La répartition de ces faciès est irrégulière, l’hypothèse de l’existence d’une chambre magmatique intermédiaire à partir de laquelle ils se sont injectés est proposée. Les deux intrusions de granodiorites ont subi des conditions de cristallisation différentes. La cristallisation de la granodiorite de Tayfast s’est effectuée à deux profondeurs différentes. Par contre la cristallisation de la granodiorite d’Iknioun s’est déroulée totalement dans son site final de mise en place. Les différents termes de l’association acide-basique sont cogénétiques. En revanche, les granodiorites présentent des caractéristiques pétrographiques et géochimiques très différentes de celles de l’association acide-basique. Ceci conduit à envisager la genèse de ces deux ensembles magmatiques à partir de deux magmas distincts : (i) les granodiorites proviennent d’un même magma parental de nature andésitique, potassique, hydraté et sur-saturé en silice, (ii) l’association acide-basique provient d’un magma basaltique, potassique et anhydre dont la source est comparable à celle des E-MORB. L’ensemble du magmatisme d’Iknioun est calco-alcalin "High-K", voire à affinité shoshonitique pour les granophyres. Sa genèse est liée au fonctionnement d’une zone de subduction croûte continentale/croûte océanique dans un contexte de marge active. En plus de la cristallisation fractionnée et de la contamination crustale qui constitue les mécanismes majeurs responsables de l’évolution de ce magmatisme, l’effondrement de la plaque subductée et la variation de la teneur ayant contribué à l’enrichissement de ce magmatisme en potassium et en éléments incompatibles. Le magmatisme d’Iknioun est interprété comme étant une transition entre le magmatisme calco-alcalin d’âge PII et le magmatisme alcalin sursauté d’âge PIII du Saghro Oriental. Il est probablement le résultat d’un changement d’un régime tectonique compressif vers un régime tectonique distensif de l’arc continental que constituait le massif de Saghro au cours de l’orogenèse panafricaine.