Caractérisation des ressources génétiques de la vigne dans les agrosystèmes traditionnels des montagnes du Nord du Maroc

Abstract

Ce travail est une contribution à la connaissance du patrimoine viticole marocain et apporte des éléments utiles pour les programmes de conservation, et d’amélioration de ce patrimoine. Pour évaluer l’importance de la diversité génétique des variétés locales, des marqueurs moléculaires microsatellites et chloroplastiques ont été utilisés pour caractériser les vignes autochtones aussi bien cultivées (Vitis vinifera sbsp sativa) que sauvages (Vitis vinifera subsp sylvestris) du nord du Maroc. L’accès à la base de données de la collection du domaine de Vassal (INRA, France) nous a permis de comparer ces ressources locales et les situer dans le bassin méditerranéen. La diversité génétique a été étudiée à l’aide de 22 locus SSR, 3 chloroplastiques et 2 gènes impliqués dans la voie métabolique des anthocyanes. Ainsi, 83 accessions cultivées et 168 accessions de vignes sauvages ont été étudiées. Cette étude a permis de révéler 9 nouvelles variétés cultivées et d’identifier 128 individus sauvages. Ce matériel a été comparé à des vignes cultivées d’Afrique du Nord (Tunisie et Algérie) et à 128 vignes sauvages de France. La diversité observée dans le groupe sauvage marocain est légèrement plus élevé que chez les autres origines. La structuration génétique a montré que les accessions d’origines française et marocaine se différencient bien des autres provenances. Le compartiment sauvage (origine française ou marocaines) se différencie bien du cultivé, ce qui confirme le statut sauvage du matériel autochtone prospecté. Les analyses des séquences ont montré les mêmes SNP dans les différents groupes et la présence d’haplotypes spécifiques dans le matériel marocain. Ces résultats montrent la spécificité et l’intérêt des ressources génétiques des variétés locales. Notre travail de l’évaluation des ressources viticoles locales a concerné aussi l’analyse et la caractérisation des 94 accessions de l’unique collection nationales de la vigne (SODEA). Ainsi, l’utilisation de 20 marqueurs nucléaires a permis d’identifier 67 génotypes et révéler une grande diversité au sein de cette collection. Les différents génotypes ont été classés en 7 groupes en fonction de l’origine et/ou la parenté génétique. Les 8 cultivars autochtones de la collection se différencient en fonction de l’origine géographique ‘Nord vs. Sud). Une core collection est proposée avec 34 individus qui représentent la diversité totale de la collection. Toutefois, une core collection optimisée et constituée seulement de 17 cultivars permet de capter 89% de la diversité avec des individus dont 5 sont autochtones. L’ensemble des cultivars marocains présents en collections (SODEA au Maroc ou Vasal en France) ont été comparés à la diversité des pays voisins (Algérie et Tunisie) et à une core collection mondiale. Avec 20 marqueurs nucléaires et 3 chloroplastiques SSR, 156 allèles ont été détectés pour les nSSRs (7.8 allèles/locus) et sept pour les cpSSR dans le groupe marocain. La diversité des chlorotypes dans les groupes marocain et algérien est semblable, mais légèrement inférieur par rapport au groupe tunisien et la core collection. La structuration génétique des cultivars reflète l’origine géographique. La spécificité des ressources locales a été confirmée par l’analyse de structure.