Géophysique, hydrogéologie et cartographie de la vulnérabilité et du risque de pollution de l'aquifère de Ghis-Nekor ( Al Hoceima, Maroc )

Abstract

L’aquifère de Ghis-Nekor, étendu sur une superficie de 100 km2, se localise dans la province d’Al Hoceima, au nord du Maroc. L’accroissement rapide de la demande en eau est contrarié par l’irrégularité climatique et la dégradation de la qualité des eaux en raison de l’augmentation des rejets polluants sans traitement préalable. La cartographie de la vulnérabilité constitue un outil d’orientation et d’aide à la prise de décision pour un aménagement durable du territoire. Ce travail s’inscrit dans le cadre des efforts employés pour préserver l’eau sur les plans quantitatifs et qualitatifs. Le bilan hydrique de l’aquifère de Ghis-Nekor indique que l’alimentation est régie par les sous-écoulements des oueds, les retours par irregation, les infiltrations des eaux de surface et des pluies directes. Par contre, les sorties sont, essentiellement, formées par le débit sortant vers la mer ainsi que par l’évaporation directe au niveau de la zone littorale. La différence actuelle entre les entrées et les sorties étant négative puisque les prélèvements surestiment les capacités de la nappe. L’étude géophysique indique que des grands dépôts de sables, graviers et galets (d’une puissance moyenne qui dépasse les 200m) parfois limono argileux remplissent les dépressions tectoniques liées à l’ouverture de la vallée de Ghis-Nekor. Les coupes lithologiques affirment que cet aquifère monocouche est traversé par des niveaux argileux intermédiaires, étendues mais non continues. Le plancher imperméable de la nappe étant constitué par une couche argilo marneuse qui surmonte un substratum profond formé par l’enfoncement des formations de bordure (schistes et flysch principalement) au dessus des alluvions. La tomographie électrique a permis de connaître la morphologie de la langue d’invasion des marines au niveau de la zone côtière, de suivre la propagation de la plume de contamination engendrée par le lixiviat de la décharge incontrôlée de Béni Bouayach et de déterminer la profondeur, l’extension et l’épaisseur des formations argileuses imperméable de la zone non saturée, qui joue un rôle primordial dans la protection des ressources hydriques souterraines. La cartographie de la vulnérabilité s’est basée sur la comparaison des quatre méthodes GOD, AVI, SINTACS et DRASTIC. Cette dernière est recommandée puisqu’elle la vulnérabilité croît en fonction de l’interaction entre divers paramètres dont les clés sont l’amincissement de la zone non saturée et l’augmentation de sa perméabilité. Ainsi, on observe que la plupart de la surface de la plaine (78%) étant dominée par une vulnérabilité modérée à élevée. Ensuite, l’analyse des dangers de contamination présents dans le secteur d’étude reflète une présence importante des activités potentiellement polluantes. Ceci étant directement proportionnel à la pression anthropique exercée sur la zone d’étude qui engendre, à la fois, des implications clés sur le développement socio-économique de la région et des risques potentiels de dégradation de l’environnement. La combinaison des cartes de vulnérabilité et de danger génère un document cartographique qui détermine la probabilité de souffrir un dommage engendré par un danger potentiel (carte de risque de pollution). Cette carte témoigne que 89% de la surface de la plaine présente un risque de contamination élevé à très élevé ; d’où la nécessité de la mise en place immédiate d’un plan de gestion durable basé sur la restriction des activités polluantes, la restitution de la qualité des eaux souterraines et l’amélioration de la conscience vis-à -vis de la dimension environnementale.