Penicillium toxinogènes et détoxification des mycotoxines

Abstract

Une analyse mycologique sur 410 échantillons d'olives en saumure au Maroc a montré la présence de spores de Penicillium toxinogènes avec une abondance des espèces P. crustosum (46%), P. aurantiogriseum (11,3%) et P. viridicatum (7,9%). Les olives mûres, de couleur noire, sont plus contaminées que les vertes ou rouges. Les olives préparées dans les foyers sont plus contaminées que celles du commerce. Les olives noires intactes sont moins contaminées que celles dénoyautées. La toxinogénèse des P. aurantiogriseum et P. viridicatum est étudiée. Les filtrats des cultures stériles des deux isolats de Penicillium ont un effet sur la croissance de Bacillus subtilis. Cependant les autres bactéries testées sont restées insensibles. L'effet sur B. subtilis varie en fonction du volume du filtrat utilisé et de la température. L'activité antibactérienne de l'extrait chloroformique dépend de la nature du milieu de culture utilisé pour la croissance fongique. Les mycotoxines, que nous avons pu extraire et qui ont été identifiées par chromatographie sur couche mince, sont : • Acide terrestique et aurantiamine à partir de P. aurantiogriseum. • BreviamidineA et xanthomegnin à partir de P. viridicatum. • Acide penicillique à partir des deux espèces fongiques. Les effets de l'eucalyptus (Eucalyptus globulus), du romarin (Rosmarinus officinalis) et d'armoise (Artemisia herba-alba) ont été étudiés sur la croissance fongique et la toxinogène de P. aurantiogriseum et P. viridicatum. Une diminution significative du poids sec fongique est obtenue avec l'addition de 0,05 à 2,5% de chacun des trois huiles essentielles dans YES (yeast extract sucrose) liquide. L'inhibition de croissance fongique a été testée sur différents milieux de culture (MEA', CYA agar, YES liquide et solide) à pH constant, et a été très efficace pour l'armoise, suivie par l'eucalyptus. Une inhibition complète de la production des toxines a été observée avec 44% de chacune des huiles essentielles pour P. aurantiogriseum et 0,22% pour P. viridicatum. Des bactéries lactiques du lben marocain (produit laitier de fermentation mésophile) et du yaourt (fermentation thermophile) ont été testées sur l'évolution de la teneur en aflatoxine M1 ajoutée artificiellement au lait à 5 ug/l. Les bactéries thermophiles n'entraînent qu'une faible élimination de l'aflatoxine M1 (19% pour L. bulgaricus, 10% pour Sc. thermophilus et 8 % pour les deux souches combinées). Les bactéries mésophiles permettent une destruction de l'aflatoxine M1 totale pour Lactococcus lactis en culture pure ou combiné avec Lc. diacetylactis. Pour Lc. lactis, la destruction est importante (58%), même si elle n'est pas totale.