Utilisation nutritive de sources de protéines (locales) alternatives à la farine de poissons dans l'aliment pour le groississement du loup bar ( Dicentrarchus labrax )

Abstract

La pisciculture marocaine est un créneau en cours de développement. L’aliment destiné à cette production est 10% importé de l’Europe malgré la présence des ingrédients pour l’élaboration de cet aliment au Maroc (Farine et Huile de poisson). Le sujet de ce travail consiste à formuler et élaborer des aliments pour le grossissement du loup bar (Dicentrarchus labrax), en remplaçant une partie de la farine de poisson par d’autres farines d’origine végétale. En matière de recherche et développement, une première action menée par l’Institut National de Recherche Halieutique (INRH), a consisté en l’étude de l’effet de 4 aliments formulés sur la croissance et l’indice de conversion alimentaire du loup bar élevé dans des bassins au Centre Spécialisé en Aquaculture à M’diq, dans cette expérience, en plus de l’aliment commercial ProAqua pris comme témoins, 4 aliments ont été fabriqués à partir de matières premières disponibles au Maroc farine de poissons, huile de poissons, farine de soja, farine de blé, huile de mais, gluten de blé, gluten de mais, son de blé, vitamines et minéraux). A la lumière des résultats obtenus et en vue de poursuivre les travaux de recherche dans l’axe de la formulation des régimes alimentaires pour poissons, et dans une autre expérience, cinq aliments (A1, A2, A3, A4, A5 et A6) ont été formulés (une partie de la farine de poissons remplacée par l’amidon et le soja) testés et comparés à l’aliment commercial importé. L’objectif fixé a été de définir l’optimum du rapport Protéines /Energie (P/E) de ces aliments ainsi que leurs effets sur les performances de croissance et de conversion alimentaire chez le loup bar. La teneur énergétique des aliments a varié entre 496.45 et 551.90 kcal. La meilleure performance a été obtenue avec l’aliment A3 ayant un rapport P/E de 105.29 mg/Kcal, avec un gain en poids de 139 g et un indice de conversion alimentaire de 1.164. Par contre l’aliment commercial, pris comme témoin, n’a généré que 129.11 g en termes de gain de poids (GP) et un indice de conversion (IC) de 1.245. Les plus mauvaises performances ont été obtenues avec l’aliment A6 qui a un rapport P/E de 93.05 mg/Kcal avec un GP de 128 g et un IC de 1.252. Après ces résultats encourageants, une troisième expérience a été menée avec 100 000 alevins de loup bar. Dans deux cages de 900m… chacune 50000 juvéniles du loup bar d’un poids moyen de 6 g ont été alimentés ad libitum 6 jours par semaine durant 6 mois et demi. Les poissons de la première cage sont alimentés par l’aliment A3 (Protéines/Lipides) (P/L) (50/12), et les poissons de la deuxième cage sont alimentés par l’aliment témoin importé spécial pour loup bar (P/L) (45/21). On ne remarque pas de différence de croissance, mais il ya une différence entre les indices de conversion se rapportant à chaque aliment : l’aliment importé présente un indice de conversion meilleur (IC=1.1) que celui de l’aliment local (IC=1.23) mais cette différence est due à la composition des aliments : L’aliment importé contient plus de lipides que l’aliment local. N’empêche que les résultats de l’aliment local sont très prometteurs et la différence qu’il y a entre les résultats des deux aliments est due aussi au processus de fabrication. Dans une dernière expérience, en plus de l’aliment commercial ProAqua pris comme témoins, 2 aliments (un extrudé et l’autre pressé) ont été fabriqués à partir de (Farine de poissons, huile de poissons, farine de crevettes, tourteaux de soja, tourteaux de tournesol, vitamines et minéraux). La meilleure performance a été obtenue avec le régime alimentaire local extrudé avec un gain de poids de 170,81 g et un IC de 1,39. D’autre part le régime commercial, considéré comme témoin et ayant un rapport P/E de 88,63 mg/Kcal a généré un gain de poids de 164,51 g et un IC de 1,49. Les mauvaises performances ont été obtenues avec le régime alimentaire pressé local d’un rapport P/E de 92,67 mg/Kcal qui a donné un gain de poids de 77,06 g et un IC de 3,46. Le processus d’extrusion des aliments améliore leur biodisponibilité et leur utilisation par les poissons, alors que les mauvais résultats sont obtenus par l’aliment local pressé. Ce travail expérimental, nous a permis de montrer la faisabilité de formuler et de fabriquer des aliments pour poissons marins à partir d’ingrédients disponibles localement et que ces aliments moyennant quelques améliorations, peuvent être aussi performants que les aliments commerciaux importés.