Tectonique en décrochement et intrusions magmatiques au jurassique : tectogenèse polyphasée des rides jurassiques d’Imilchil (Haut Atlas central, Maroc).

Abstract

Ce travail consiste en une étude sédimentaire, tectonique et cartographique des différentes formations géologiques de la région d’Imilchil située dans la zone axiale de Haut Atlas central. La pile sédimentaire dont l’âge s’étale depuis le Toarcien jusqu’au crétacé moyen, se caractérise par une lacune sédimentaire majeure d’âge jurassique supérieur au crétacé inférieur. Elle est subdivisée en sept formations lithologiques cartographiables. Il s’agit de la formation de Tassent (Toarcien-Aalénien) , la formation des calcaires corniches de a Bab n’Ouayad (Aalénien-Bajocien), la formation de Tislit (Bajocien moyen et supérieur), la formation d’Imilchil (Bajocien terminal et Bathonien inférieur), la formation d’Isli (Bathonien), la formation de Timzought (Callovien), la formation des calcaires blancs de Tasraft (Crétacé moyen). Toutes ces formations ont été levées sur une carte au 1/50.000. L’étude des microfaciés montre un cycle sédimentaire globalement régressif depuis le Toarcien jusqu’à la fin du Bajocien suivi d’une émersion totale lors du Bathonien et du Callovien. Il témoigne d’un phénomène de comblement progressif de la fosse atlasique. Après la lacune sédimentaire du jurassique supérieur et crétacé inférieur, se produit une transgression d’âge crétacé moyen. Sur le plan structural, le secteur d’étude montre une alternance de mégastructures anticlinales étroites et à cœur magmatique (rides) de direction N70 et de mégastructures synclinales larges et à fond plat de même direction. L’analyse de la déformation synsédimentaire permet de caractériser une activité tectonique progressive et continue depuis le Toarcien jusqu’au crétacé moyen. Entre le Toarcien supérieur et le bajocien une réorientation de la direction des contraintes principales aboutit à une compression horizontale N160 à N10 à la fin du Bajocien. La fin de cette période se marque par une déformation synschisteuse. Cette phase a provoqué le développement d’une schistosité de direction N70 et la mise en surface des corps magmatique dans des accidents décrochants aux droits desquels se sont formés les anticlinaux ou les rides. L’absence d’une auréole de métamorphisme atteste d’une mise en surface tectonique à froid des corps magmatiques. La présence de discordance progressives et rarement angulaire sur les flancs des rides est une conséquence de leur mise place par un mouvement ascensionnel synsédimentaire. L’analyse de la déformation au sein des corps magmatiques et sur leur contact avec leur encaissant atteste aussi d’une mise en surface tectonique. Par contre, l’observation des structures dans l’encaissant sédimentaire montre un gradient de déformation qui augmente en s’approchant du cœur des rides. L’analyse de la fraction argileuse, montre la dominance du faciès illite-chlorite. L’indice de cristallinité de l’illite témoigne d’un métamorphisme de bas degré de type anchizonal dans les faciès du Toarcien au Bajocien et même épizonal dans les faciès triasiques en enclave dans les intrusions magmatiques. L’association des smectites à un faciès illite-chlorite témoigne d’un hydrothermalisme postérieur au métamorphisme de bas degré. La répartition des indices de cristallinité sur la carte des échantillons ne montre pas d’influence notable des intrusions magmatiques sur le métamorphisme. Ce dernier est un phénomène généralisé sur l’ensemble du secteur d’Imilchil et qui daté anté-bathonien.