Le Sénonien ( Coniacien, Santonien, Campanien et Maastrichtien ) du haut-Atlas occidental ( Maroc ) : Sédimentologie, stratigraphie séquentielle, biostratigraphie et évolution géodynamique

Abstract

L’étude des terrains sénoniens du Haut Atlas occidental, Maroc, nous a permis d’acquérir de nouvelles données d’ordre stratigraphique et paléogéographique. Ont été individualisées : la formation des calcaires et marnes dolomitiques d’Anou-nfeg, la formation des calcaires et marnes dolomitiques d’Aït Abbès, la formation des marnes de l’Oued Lahouar et la série phosphatée (Formation des calcaires du Tagragra et formation des sables phosphatés de Chichaoua), qui sont d’âge respectivement Coniacien, Santonien, Campanien et Maastrichtien. La formation des calcaires et marnes dolomitiques d’Anou-nfeg, rapportée au Coniacien par les ammonites, les bryozoaires et les associations d’ostracodes, se compose de deux séquences, SI et SII, mises en parallèle avec les cycles UZA-3.1 et UZA-3.2 (Vail et al., 1987). La formation des calcaires et marnes dolomitiques d’Aït Abbès, datée du Santonien par des bryozoaires, des associations d’ostracodes, des échinides et des ammonites, est subdivisée en deux séquence, SIII et SIV, correspondant respectivement aux cycles UZA3.3, pour la séquence SIII, et UZA-3.4 pour la séquence SIV, mises en parallèle avec les cycles UZA-4.4,UZA-4.5, et TA-1.1. Les cycles eustatiques UZA-3.5, UZA-4.1, UZA-4.2 et UZA-4.3, correspondant aux différents séquences qui composent la formation campanienne de l’Oued Lahouar dans le versant Nord du Haut Atlas occidental, n’ont pas été mis en évidence, le Campanien ne s’étant probablement pas déposé. Par contre, dans le versant sud, deux cycles n’ont pas été distinguées : UZA-4.2 et UZA-4.3. Si le rôle de l’eustatisme sur la sédimentation est certain, plusieurs phases tectoniques ont été aussi enregistrées. Au Coniacien ; toute la partie oriental de la région d’étude se comporte en terre émergée, en relation avec une importante régression de la mer. Cette dernière est due à la phase tectonique embryonnaire antésénonienne qui a mis une grande partie de l’Afrique du nord en émersion. Néanmoins, dans notre région d’étude, nous n’avons pu déceler aucune trace de mouvement tectonique. Les dépôts du Sénonien sont reposés en concordance sur la corniche cénomano-turonienne. Il faut noter toutefois un changement paléogéographique notable. Au Santonien, la mer recouvre progressivement presque la totalité de la région d’étude. Une deuxième phase tectonique, enregistrée surtout dans le versant nord du Haut Atlas occidental et qui se présente par des discordances angulaires au sein des dépôts de la formation d’Aït Abbès, entre les séquences SIII et SIV, à Jbel Sour et à l’Ouest d’Azegour près de Sidi Bou Othman, des microfailles et glissements synsédimentaires, des brèches monogéniques…, structure alors l’ensemble de la région en haut fonds ou en terres émergées peu élevées. Plusieurs petits bassins confinés et sursaturés en saumures voient le jour notamment sur le secteur oriental. Puis, à la suite d’une pénéplanation importante, une plate-forme de type sebkha se met en place sur l’ensemble de la région. Quelques brèves incursions marines atteignent les bassins orientaux. Au Campanien, nous assistons à un recul de la mer dû à une régression importante qui va mettre tout le secteur oriental d’Erguita en terre émergée. Cette régression est en relation avec un mouvement tectonique notable matérialisée par une discordance angulaire rencontrée dans le secteur d’Erguita à la limite Santonien-Campanien. Au niveau du versant nord du Haut Atlas occidental le Campanien est absent dans tout le secteur oriental de la région. Cette lacune est due d’une part à un mouvement tectonique et d’autre part à la phase érosive au début du Maastrichtien. Au Maastrichtien, une transgression marine importante, en provenance de l’Océan Atlantique, accompagnée par la phase tectonique embryonnaire anté-maastrichtienne, va submerger toute la région d’étude. Dans les petits bassins confinés, crées à la fin du Coniacien-Santonien, apparaissent alors essentiellement des sables phosphatés, discordants sur l’ensemble des dépôts crétacés antérieurs, surtout au versant nord.