Le complexe volcanique et volcano-sédimentaire néogène de la région d'Oujda de Bni Oukil-Angad et de Sidi Bou-Houria (Maroc Nord-Oriental)

Abstract

L'étude cartographique et stratigraphique du Néogène de la région d'Oujda a permis de reconnaître dans le bassin de Bni Oukil-Angad, par des critères lithostratigraphiques, biostratigraphiques et chronostratigraphiques, deux ensembles sédimentaires nettement distincts et séparés par une discordance angulaire ou de ravinement: a) un ensemble inférieur marin représenté essentiellement par des conglomérats, des calcaires, des marnes bleues et jaunes qui ont été attribués au Tortonien-Messinien par les foraminifères. b) un ensemble supérieur continental formé de dépôts détritiques, volcano-détritiques et carbonatés datés du pliocène par les coulées basaltiques qui y sont interstratifiées. Le bassin de Sidi Bou-Houria a évoluée en système fermé au cours du Cénozoique et a reçu continuellement des apports détritique très variés et des solutions, en particulier des Beni Iznassen. Dans ce bassin, le Néogène n'affleure presque jamais, cependant la diversité lithologique, révélée par forages, à laquelle s'ajoute l'absence d'arguments paléotologique, rend très difficile l'établissement d'une stratigraphie précise. Durant ces deux périodes, la paléogéographie très découpée dessine des golfs s'enfonçant profondément à l'intérieur des terres (cas du bassin de Bni Oukil-Angad) et des basins internes mal reliés à la pleine mer (bassin de Sidi Bou-Houria par exemple). Le comblement de ces deux bassins a été accompagné d'une intense activité volcanique qui s'est manifestée par intermittence depuis le Miocène supérieur (6,2 Ma) jusqu'au Quaternaire (1,5 Ma). Ce volcanisme, émis par plusieurs centres (cônes stromboliens et maar), s'est exercé au cours de plusieurs phases paroxysmales explosives et effusives engendrant des cendres, tufs et lappilis ainsi que des coulées allant des ankaratrites à des hawaiites à travers les basanites et les basaltes alcalins. Les données pétrographiques et géochimiques témoignent d'une évolution magmatique qui se calque parfaitement sur celle d'une série alcaline sous-saturée en silice et qui est dictée par le processus de cristallisation fractionnée. L'ensemble des données géochimiques suggère une source mantellique commune pour l'ensemble des laves. L'absence d'une anomalie en Nb, l'enrichissement en l'ensemble des éléments incompatibles et l'important fractionnement des terres rares légères par rapport aux terres rares lourdes sont autant d'arguments en faveur du caractère anorogénique des magmas et de leurs origines à partir d'une source mantellique asthénosphérique. Cette dernière est vraisemblablement liée à la remontée diapirique évoquée en mer d'Alboran et ses alentours. Cette remontée asthénosphérique est associée à un amincissement crustal responsable de la formation et du fonctionnement de ces bassins. Les caractéristiques de cette série alcaline, connue aussi partout autour de la mer d'Alboran, s'appliquent aussi à celles des chaînes du Rif (Maroc) et du Tell (Algérie) où les analyses suggèrent la probabilité d'une source commune liée à des mouvement distensifs dans un contexte général de régime compressif du à la convergence des plaques Afrique et Eurasie.