Systèmes vasopressinergique et ocytocinergique : Neurohormones et sites de liaison : Etude aux niveaux central et périphérique chez un rongeur désertique, la mérione ( Meriones shawi ) : " Par hybridation in situ, immunohistochimie et autoradiographie "

Abstract

Les connaissances sur la régulation de l’équilibre hydrominéral chez les espèces vivant dans les milieux tempérés sont exhaustives, alors que celles concernant les espèces vivant dans les milieux arides, sont moins nombreuses et généralement considérées uniquement sur le plant des adaptations périphériques rénales. Le présent travail, effectué chez un rongeur adapté à la vie désertique, la Mérione (Meriones shawi), a porté sur les effets de la stimulation osmotique sur l’expression génique des neurones magnocellulaires hypothalamiques vasopressinergiques et ocytocinergiques et sur la distribution des sites de liaison de la vasopressine de type Vla et des sites de liaison de l’ocytocine aux niveau central e périphérique. En effet, à la différence du Rat, le système hypothalamo-posthypophysaire vasopressinergique et ocytocinergique de la Mérione est caractérisé par une importante réactivité durant de longues périodes de déshydratation. Pour déterminer les facteurs qui interviennent dans la régulation des neuropeptides posthypophysaires différentes exploration ont été entreprises : la détection immunohistochimique de la vasopressine (VP) et de l’ocytocine (OT) et la quantification des contenus de leurs ARNmessagers dans les noyaux magnocellulaires, les dosages des taux plasmatique et tissulaire des neuropeptides et la localisation autoradiographique des sites de liaison de la VP et de l’OT dans le rein et le système nerveux central. L’ensemble des données montrent que l’activité du système hypothalamo-posthypophysaire, la synthèse et de la sécrétion des neurohormones, chez la Mérione soumise à une déshydratation prolongée, est augmentée par rapport à l’animal en régime libre. La présence de sites Vla, dans des régions rénales stratégiques, constitue un autre mode d’adaptation permettant de mieux contrôler la concentration urinaire et l’économie de l’eau chez cette espèce. En plus de leurs actions hormonales classiques, la vasopressine et l’ocytocine exercent des effets de type neurotransmetteurs et/ou neuromodulateurs dans plusieurs régions du système nerveux central. Les réponses physiologiques qui en résultent, essentiellement végétatives, et/ou comportementales, impliquent la présence de récepteurs spécifiques. L’étude comparative de la distribution des sites de liaison de la VP de type Vla et de l’OT dans le système nerveux central du rat et de la Mérione a montré l’existence : (1) de régions exprimant les mêmes sites chez les deux espèces, (2) de sites VP colocalisant ou non avec des sites OT chez la Mérione dans des structures contenant des sites OT chez le Rat, (3) de sites VP et de sites OT chez la Mérione dans des régions n’exprimant aucun de ces sites chez le Rat. L’abondance des sites VP de type Vla dans le système nerveux central de la Mérione et leur régulation, dans certaines régions par la déshydratation, suggèrent qu’en plus de son rôle périphérique dans le maintien de l’équilibre hydrique, la vasopressine pourrait également intervenir au niveau central dans les mécanismes d’adaptation à la vie désertique.