Caractérisation parasitologique des eaux usées d'El Jadida, leur impact sur le littoral ( Eaux et Sédiments ) et sur la population infantile de la zone de rejet

Abstract

Dans la ville d’El Jadida, la population due aux rejets des eaux usées brutes dans la mer constitue un facteur à retombées néfastes sur la qualité de l’environnement et sur l’état sanitaire de la population riveraine des effluents urbains. Les effets négatifs sont dus entre autres, aux agents pathogènes dont les helminthes, parasites intestinaux qui sont véhiculées par les eaux résiduaires. L’évaluation de la charge de ces formes parasitaires dans l’environnement, constitue un premier pas dans l’estimation du risque sanitaire qu’elles peuvent engendrer. Cette évaluation nécessite de disposer d’une méthodologie d’analyse efficace et adéquate permettant la détection des œufs d’helminthes dans différents milieux. Ainsi, le premier volet de ce travail a été consacré à l’évaluation de l’efficacité de six techniques de concentration dans la détection et le dénombrement des œufs d’helminthes dans des échantillons d’eau usée ainsi que ceux d’origine marine. L’origine de l’échantillon à analyser et son niveau de contamination, ont été pris en considération pour l’évaluation des ces techniques. Il s’est révélé que la méthode de flottation se basant sur une solution de thiosulfate de sodium, manifestait une très bonne fiabilité dans la détection des œufs d’helminthes dans les échantillons d’eau et de sédiment marins. Quant aux échantillons provenant d’eau usées, contaminées entre 10 et 100 œufs par litre , les résultats ont permis de proposer une méthode combiné, optimisée dans notre laboratoire. Cette technique après concentration de l’échantillon dans un tampon acéto-acétique puis éther, reprend le culot final dans une solution de thiosulfate de sodium. Le second volet du présent travail s’est penché sur la caractérisation parasitologique des eaux usées de la ville ainsi que celle du milieu marin où elles sont déversées. Au niveau du collecteur principal des eaux usées d’El Jadida, il a été détecté une pollution biologique non négligeable véhiculée par les eaux résiduaires de la ville. Le suivi temporel a enregistré une charge moyenne en œufs d‘helminthes de 18,3 œufs/l avec des concentrations extrêmes variant de 0 à 78 œufs/l. des fluctuations journalières et saisonnières ont été détectées. Les analyses ont montré que cette charge était en étroite liaison avec l’activité humaine, avec des maxima le matin et des minima pendant la nuit, période de sommeil de la population raccordée au canal. Concernant la variation saisonnière, en dépit du fait que les œufs d’helminthes ont été rencontrés toute l’année, les concentrations maximales ont été notées surtout pendant la saison chaude. Cette charge était répartie entre la classe des Nématodes et celle des Cestodes avec une prépondérance de la première par rapport à la deuxième. Le suivi spatial a révélé que la charge parasitaire subissait une diminution le long du parcours alimenté par le collecteur principal des eaux usées en allant de l’amont vers de l’émissaire. Inversement, la concentration en œufs d’helminthes augmentait dans les échantillons de sédiment en allant dans le même sens. Au niveau du littoral, la recherche des œufs d’helminthes dans les échantillons de sédiment marin, a mis en évidence la contamination parasitaire de tous les prélèvements, excepté ceux provenant de la plage d’El Haouzia. Les stations situées dans le prolongement des collecteurs d’assainissement étaient plus contaminées que celles situés loin des émissaires. La présence des œufs d’helminthes dans ces dernières stations confirme le déplacement de la masse parasitaire. Le suivi annuel de la concentration en œufs d’helminthes au niveau du littoral a permis de constater que la contamination était plus intense en période chaude qu’en période froide. Qualitativement, les œufs d’Ascaris et ceux d’Hymenolepis étaient omniprésents toute l’année au niveau de toutes les stations étudiées sur le littoral Le troisième volet de ce travail a été consacré à l’étude de l’impact des rejets des eaux usées brutes sur la distribution des helminthiases chez les enfants de la zone de rejet d’El Jadida comparativement à une zone témoin. Les analyses ont montré que la prévalence globale des helminthiases dans le groupe exposé était nettement supérieure à celle enregistrée dans le groupe témoin, avec des valeurs respectives de 43% et 20,6%. Ce surcroît d’infestation dans le groupe exposé était surtout dû à l’ascaridiose et à l’hyménolépiase. L’indice de polyparasitisme était enregistré à 6% dans la zone d rejet alors qu’il était nul dans la zone témoin. Le risque attribuable aux eaux usées dans la transmission de ces parasitoses était de 22%. Ces valeurs témoignent de la surinfection des enfants de zone de rejet comparés à leurs homologues du groupe témoin. Il a été également montré que le parasitisme des enfants de la zone exposé variait selon l’âge et le sexe. Les garçons d’âge 7-8 ans étaient les groupes à haut risque dans cette zone.