Le magmatisme post-collisionnel panafricain ( tardi à post-orogénique ) des régions d'Aghbalou, Sidi Flah-Bouskour et Oued Imini ( Ouarzazate, Anti Atlas central, Maroc ) : Lithostratigraphie, géochimie, pétrogenèse et contexte géodynamique

Abstract

L’étude de terrain nous a permis d’établir une carte géologique au 1/25 000 des différents faciès magmatiques. La lithostratigraphie et la pétrographie du magmatisme post-collisionnel panafricain (tardi à post-orogénique) des régions de Aghbalou – Oued Imini et de Bouskour – Sidi Flah, révèlent la présence de cinq grands faciès magmatiques qui sont chronologiquement de la base vers le sommet : - Un faciès d’andésite basaltique (ou andésite "inférieur") ; - Un faciès dacitique incluant les poches acides immiscibles ; - Un faciès de basalte (ou de basalte andésitique) à pyroxène ; - Un faciès rhyolitico-ignimbritique caractérisé par la présence de microfailles normales synchrones aux dépôts du faciès ignimbritique. Ce faciès peut être traversé par les dykes ryholitiques de Bouskour ; - Un faciès intrusif constitué par les gabbros-diorites, les filons de basalte, de dacite, de dolérite et par les gabbros de l’Oued Imini. L’étude géochimique, combinée à la minéralogie des clinopyroxènes, a permis de mettre en évidence deux stades de magmatisme dans les roches du Précambrien terminal (ou Néoprotérozoïque terminal) de la région de Ouarzazate : - Un magmatisme de nature géochimique, purement, calco-alcaline potassique orogénique avec une nette anomalie négative en Ta-Nb. Ce magmatisme est représenté par les andésites basaltiques, les basaltes à pyroxènes, les dacites et les rhyolites-ignimbrites. - Un magmatisme calco-alcalin potassique à tendance transitionnelle voire alcaline avec une faible amplitude de l’anomalie négative en Ta-Nb. Ce magmatisme montre des caractéristiques géochimiques non orogéniques (tardi à post-orogéniques) et aurait lieu postérieurement à 561 Ma (âge de la monzodiorite synchrone au gabbro de Bou Izzagane) et antérieurement à 534 Ma (âge de la syénite alcaline intercalée dans les calcaires adoudouniens). Il est représenté par le gabbro de Bou Izzagane, les basaltes en filon, les dykes rhylitiques de Bouskour et le gabbro de l’Oued Imini. Le parallélisme des profils de terres rares des andésites basaltiques, des basaltes à pyroxènes, des dacites, du gabbro de Bou Izzagane et des basaltes en filon, suggère que toutes ces roches soient coogénétiques et qu’elles proviennent de la même source de fusion à l’origine. L’évolution géochimique et minéralogique de ces roches fait intervenir des processus de cristallisation fractionnée qui s’associent à des phénomènes de mélanges magmatiques et de contamination crustale. Au contraire les roches acides, avec des rapports Y / Zr, TiO₂ / Zr et Nb / Zr qui son différents des roches basiques-intermédiaires, laisse envisager une source de fusion différente qui est probablement la croûte continentale. Le gabbro de l’Oued Imini qui montre un rapport Y / Zr, relativement bas par rapport aux autres roches basiques, suggère une faible intervention du grenat au cours de la fusion partielle des roches mantelliques. En plus le rapport La / Yb, relativement élevé dans ce gabbro, laisse admettre un degrés de fusion différent par rapport aux autres roches basiques. L’étude pétrogénétique a montré par ailleurs, que les roches magmatiques du Précambrien terminal de la région de Ouarzazate proviennent de la fusion d’un manteau "enrichie", suffisamment métasomatisé par les fluides issus des dernières reliques de la plaque subductée. Ce manteau devrait être riche en minéraux "hydratés" (phlogopite et richtérite potassique) qui seront à la base de l’enrichissement du liquide magmatique en KO, LILE et en LRRE. Un modèle géodynamique a été proposé pour expliquer la genèse du magmatisme calco-alcalin potassique à transitionnel / alcalin du Précambrien terminal de l’Anti atlas.