Epidémiologie de l'insuffisance rénale chronique terminale chez la population mutualiste du grand Casablanca

Abstract

L'épidémiologie de l'insuffisance rénale chronique (IRC) reste d'approche difficile dans notre pays. Ceci est dû d'une part à l'absence de registre national de l'IRC et d'autre part aux difficultés de financement du traitement de cette affection. Pour contourner le biais de recrutement relatif aux difficultés économiques, nous avons choisi d'étudier une population de patients atteints d'IRC qui sont pris systématiquement et totalement (sans ticket modérateur) en hémodialyse. Il s'agit de patients ayant une couverture sociale (mutualistes de la Caisse Nationale des Organismes de Prévoyance Sociale : CNOPS). L'objectif de ce travail a été de retracer les caractéristiques épidémiologiques de cette population particulière afin d'en tirer des conclusions sur la population du grand Casablanca sous réserve de représentativité statistique. Il s'agit d'une étude transversale à visée descriptive, multicentrique (14 centres privés sur les 23 existant à Casablanca ont répondu). Nous avons analysé les données de 279 patients âgés de 10 à 89 ans avec une moyenne d'âge de 54,05 ± 14,92 ans. Les hommes représentaient 56,6% de l'ensemble de l'échantillon. La découverte de l'IRC a été faite depuis en moyenne 74,62 ± 55,24 mois (extrêmes de 1 à 240 mois). L'épuration extra-rénale a été entamée depuis en moyenne 65,25 ± 53,04 mois (extrêmes de 1 à 216 mois). La durée moyenne écoulée entre la découverte de l'IRC et le début de la dialyse a été de 9,36 ± 21,53 mois (extrêmes de 0 à 156 mois). A noter que 69% des IRC ont été découvertes au stade terminal avec nécessité immédiate de dialyse. Les néphropathies causales étaient dominées par le diabète dans 25,4% des cas, l'HTA dans 18,6% des cas, les GNC dans 14% et la PNC dans 9,3% des cas. A noter que dans 25,8% des cas, la néphropathie causale n'a pas été déterminée. Les patients étaient dialysés le plus souvent 3 fois par semaine (93,1% des cas), pour des durées de 3 heures (14,9% des cas) ou 4 heures (81,5% des cas). La durée hebdomadaire moyenne de dialyse était de 11,262 ± 1,870 heures. Le bain bicarbonaté était le plus utilisé (96,3% des cas). L'anticoagulation était à base d'héparines de bas poids moléculaire dans 40,4% des cas. Les abords vasculaires les plus fréquemment utilisés étaient des FAV (94,9% des cas). Nous discutons ces données en fonction des dernières recommandations et nous concluons à la nécessité de l'amélioration des conditions de prise en charge de ces patients.