Contribution à l'étude de l'écologie des vecteurs des leishmanioses au Sud du Maroc .

Abstract

Les leishmanioses restent une cause de morbidité/de mortalité non négligeable à l’échelle mondiale. Cette parasitose transmise par des phlébotomes est responsable de manifestations cutanées, cutanèo-muqueuse ou viscérales. En absence de vaccin/devant l’émergence de nouveaux foyers, les programmes de lutte antivectorielle restent les principales pratiques applicables pour contrôler voire éliminer cette parasitose. La réussite d’un programme de lutte contre ces maladies nécessite une connaissance préalable du profil épidémiologique de la leishmaniose/une étude éco-entomologique approfondie des phlébotomes. C'est dans cette optique que nous avons mené la présente étude épidémiologique/éco-entomologique dans la province de Zagora. Cette province constitue un foyer endémique, avec des pics épidémiques répétitifs, de leishmaniose cutanée zoonotique (LCZ) à Leishmania major depuis le lancement du programme national de lutte contre les leishmanioses en 1997, Le nombre de cas a atteint 5675 cas en 2018 soit plus de 63% du total des cas de LCZ reporté au Maroc. Ce travail de thèse a permisd'établir la liste des espèces phlébotomiènnes présentes/d'identifier les vecteurs potentiels. Il a permis également de déterminer les périodes de développement des populations de phlébotomes/d'étudier l’activité saisonnière des espèces les plus abondantes. Enfin nous avons analysé la répartition spatio-temporelle des espèces de phlébotomes les plus représentées en fonction de quelques variables abiotiques. L’étude des caractéristiques climatiques/environnementales de Zagora a montré qu'elle représente un terrain propice pour la transmission de la LCZ. Les caractéristiques climatiques de la région mettent en évidence la tendance au réchauffement/à l’allongement de la saison chaude. Ce qui est favorable à la multiplication des parasites/à la prolongation de l’activité des vecteurs/des réservoirs. En outre, certains comportements de la population locale, comme passer la nuit à l'extérieur des maisons pendant la saison chaude/certaines activités humaines/particulièrement les activités agricoles augmentent le risque d’exposition de l’homme à la transmission de cette affection. Par ailleurs, l’élevage des ovins/caprin/le mode de vie essentiellement rural constituent des facteurs favorables aux différents acteurs du cycle leishmanien. L'étude entomologique a été effectuée dans douze localités au cours de l'année 2019, en utilisant la technique des pièges lumineux. Les résultats indiquent la présence de dix-huit espèces, appartenant aux genres Phlebotomus/Sergentomyia.Les espèces Phlebotomus papatasi, Ph. longicuspis/Ph. alexandrisont les plus dominantes représentant respectivement 43.1%, 17.0 %/ 18.8% par rapport au total des phlébotomes capturés. Ces trois espèces sont présentes de Mai à Novembre avec deux pics importants de densité L’étude de la saisonnalité de ces trois espèces fait ressortir deux périodes annuelles à haut risque leishmanien dans la province de Zagora: Octobre-Novembre/Mai-Juin-Juillet.. Les corrélations de l'abondance/de l’activité des phlébotomes avec les facteurs climatiques/environnementaux confirment que Ph. papatasi présente une résistance/une forte adaptation ce qui explique sa forte abondance/sa longue période d'activité. Etant ubiquiste, elle est récoltée dans tous les biotopes prospectés. En considérant la grande spécificité vecteur-parasite connue en épidémiologie des leishmanioses ainsi que l’abondance des espèces capturées pendant la saison favorable à la transmission, Ph. papatasi/Ph. longicuspis seraient respectivement les vecteurs des leishmanioses à L. major/à L. infantum dans la région étudiée. Le risque de transmission de la maladie serait plus grand durant le deuxième pic de densité en fin été- début automne.Cette thèse apporte des résultats inédits qui constitueraient des données de base importantes pour la planification des interventions de lutte. Selon ces résultats, des actions de lutte antivectorielle programmées deux fois par an au moment des pics de densité permettraient de contrôler la transmission de la maladie si elles sont correctement coordonnées avec le traitement des cas (malades)/l'adoption d'un contrôle adapté du réservoir. La sensibilisation de la population locale aux mesures de prévention contre la maladie est également importante pour le succès d'un programme de lutte contre les épidémies.