etat des lieux et déterminants des addictions aux substances psychoactives chez les adolescents scolarisés de la province de béni mellal.

Abstract

Le présent travail s’inscrit dans le cadre des travaux de recherche en addictologie avec une approche épidémiologique portant sur l’état des lieux et les déterminants des addictions aux substances psychoactives chez les adolescents scolarisés de la Province de Béni Mellal dans l’objectif de dresser une cartographie de la consommation des différentes substances psychoactives (SPA). Il s’agit, d’une part, de déterminer les prévalences d’usage de ces substances, et d’autre part, de dégager les facteurs de risque potentiels de leur utilisation. Afin de réaliser ce travail, une étude épidémiologique transversale, descriptive et analytique a été réalisée en 2016 à l’aide d’une méthode d’échantillonnage aléatoire stratifié pour avoir des unités de tous les groupes tout en garantissant une taille d’échantillon suffisante pour des sous-groupes de notre population cible. Une version arabe du questionnaire Medspad Maroc (2013) révisée a été administrée à un échantillon de 500 élèves, au sein de 7 établissements scolaires publics à 4 niveaux de scolarité (3e année du collège, Tronc commun, 1ère et 2e année du baccalauréat), répartis sur les deux milieux rural et urbain. La régression logistique a été employée pour estimer les odds ratio (OR) afin d’évaluer la force et le sens de l’association entre les différentes variables. Les variables dont le degré de signification est inférieur à 0.20 (p<0.20) lors de l’analyse univariée sont inclues dans le modèle de régression logistique multiple. Le test de Hosmer- Lemeshow a été utilisé pour évaluer l’ajustement multivarié du modèle de régression logistique. Les valeurs de P <0.05 sont considérées comme statistiquement significatives. Les résultats de l’étude des prévalences montrent que le tabac est la substance la plus consommée avec une prévalence d’expérimentation de (13,2%), suivi par l’alcool avec une valeur de 8,1%, en troisième position on trouve les inhalants avec 7,8%, puis le Haschich avec 6,9%. Pour les substances psychotropes sans prescription médicale, la cocaïne, le crack et l’héroïne, les prévalences étaient respectivement de 3,5%, 3,3%, 2% et 2%. Concernant les produits dérivés du tabac, les prévalences d’expérimentation de ces substances dans un ordre décroissant sont de 11,6% pour la Narguilé (chicha), 9,2% pour le tabac à priser (Nefha) et 7,9% pour le tabac à chiquer (Kala). Concernant l’initiation aux Cigarettes, Alcool, Haschich, Psychotropes, Inhalants, Nefha et Kala le pic de la consommation initiale est enregistré dans une tranche d’âge comprise entre 14 et 16 ans. Pour l’ensemble des consommateurs, un usage régulier voire problématique concernerait 38% des garçons et 6% des filles fumeurs, 22% des usagers d’alcool et 37,6% des fumeurs de cannabis. Les filles sont concernées particulièrement par l’usage régulier et récent de certaines substances comme les psychotropes détournés de leur usage. 75% des usagers ont estimé que l’accès aux drogues est facile et 85% ont déclaré que les drogues sont généralement disponibles à proximité des établissements scolaires. Pour le lien entre l’utilisation des SPA et les facteurs étudiés, une dominance masculine est notée au niveau de l’usage de différentes substances. Des associations statistiquement significatives, chez les deux sexes ont été observées entre le statut usager des SPA et l’usage des inhalants, le tabagisme, le tabagisme d’un membre de la famille ou des amis, les tranches d'âge et le niveau scolaire des pères. Par ailleurs une association statistiquement significative existe également entre le statut d’usager de SPA et le niveau socioéconomique des ménages chez les garçons seulement.