L’impact des mécanismes de gouvernance sur la gestion du risque de crédit des banques au Maroc

Abstract

Le financement d’une entreprise en croissance comporte des risques que les bailleurs de fonds n’évaluent et ne gèrent pas bien, faute de méthodes adaptées. En particulier, l’asymétrie d’information qui marque la relation entre les banques et les dirigeants de ces entreprises, constitue un obstacle fondamental et un facteur de risque de crédit important. Ce risque correspond à la probabilité de perte financière liée au défaut de remboursement de l’entreprise. L’attitude managériale du dirigeant, lorsqu’elle est opportuniste, représente également un facteur de risque de crédit bancaire. En effet, le dirigeant mal intentionné, cherche à servir ses propres intérêts au détriment non seulement des actionnaires, mais également l'entreprise et ses partenaires. Or, la présence d’un système de gouvernance efficace permet d’atténuer les conflits d’agence et d’inciter les dirigeants à agir dans l’intérêt de l’entreprise et ses parties prenantes. En effet, une surveillance efficace du conseil d’administration et des actionnaires est de nature à réduire les asymétries d’information ainsi que l’attitude opportuniste des dirigeants. La gouvernance d’entreprise s’offre comme un déterminant du risque qualitatif qui vient compléter les outils classiques utilisés au niveau des banques marocaines. A côté des critères financiers, l’évaluation du risque de crédit peut intégrer la qualité du système de gouvernance au sein de l’entreprise. Il s’agit d’évaluer l’efficacité de ses mécanismes et de juger quant à leur capacité à réduire les asymétries d’information et contrecarrer l’attitude opportuniste des dirigeants. L’objet principal de cette thèse est d’étudier l’effet de la gouvernance d'entreprise sur le risque de crédit des banques au Maroc. Il s’agit en particulier d’étudier les principaux mécanismes internes et externes susceptibles d’affecter l’insolvabilité des entreprises. A partir d’un échantillon composé de 507 dirigeants d’entreprise et de 324 responsables de crédit, nous essayons de mesurer la perception faite des mécanismes de gouvernance et leur impact sur le risque de crédit des entreprises. Nos résultats montrent que l’effet de ces mécanismes est positivement perçu par les deux parties participant à notre enquête. Néanmoins, ces mécanismes ne sont pas pleinement intégrés dans l’évaluation du risque de crédit par les banques marocaines. Malgré leur effet révélateur, nos résultats montrent que les critères financiers du risque continuent à constituer la base de l’évaluation bancaire.