Enjeux environnementaux de l'activité minière marocaine sur les milieux naturels : Cas de la mine de Tighza (Jbel Aouam), Maroc central oriental

Abstract

Afin de déterminer le degré de pollution des eaux dans les alentours du district minier de Tighza (Jbel Aouam), situé dans la partie orientale du Maroc central, nous avons analysé des échantillons de sédiments, d’eau et de matière en suspension prélevés dans l’oued Tighza et ses affluents ainsi que dans les trois sites d’exploitation miniers et les bassins annexes liés à la mine pour déterminer les concentrations des éléments traces métalliques (ETM) dans le milieu. Il nous a paru important d’établir, à travers les résultats, le degré et les causes éventuelles de dégradation de la qualité de ces eaux et des écosystèmes environnants, compte tenu de leur usage à des fins tant domestiques qu’agricoles. En effet, les résultats de cette étude de diagnostic sur la physicochimie et sur les variations spatiales des concentrations et le transport sous forme dissoute et/ou particulaire des ETM dans les eaux de surface du district minier de Tighza ont permis de faire une première évaluation de la salubrité de ces eaux et de mettre en relief une dégradation de la qualité physico-chimique de ce composant et l’existence de stations extrêmement polluées, attestée par la présence de concentrations élevées en As, Cd, Cu, Mn, Ni, Pb et Zn notamment. En comparant les résultats obtenus avec les critères de la qualité des eaux pour les ETM donnés par l’Organisation Mondiale de la Santé et par l’Administration marocaine, on constate que ces eaux ont des concentrations très élevées en ETM aussi bien autour des sites miniers que dans les eaux de l’oued Tighza. Cela prouve que le district minier a véritablement un impact négatif sur la qualité des sédiments et des eaux de surface environnantes. Par ailleurs, les études géostatistiques démontrent/confirment que les sites miniers représentent deux sources de pollution, contaminant aussi bien les eaux que les sédiments de la région de Mrirt. Les sédiments et les eaux analysés dans les alentours du district de Tighza s’avèrent donc franchement pollués, que ce soit en période hivernale, qu’en période estivale. La région présente un haut potentiel de pollution et des perturbations paysagères (résidus miniers laissés au hasard sans traitement), nécessitant une réhabilitation au fur et à mesure des exploitations. Ceci passe par la restauration du patrimoine naturel en y intégrant les trois sites miniers par leur historique et leur écologie. Cette dégradation de la qualité physico-chimique, des eaux et des sédiments, est démontrée particulièrement dans toutes les stations en aval de la mine ; ce qui oblige l’arrêt immédiat des lâchées d’eau, provenant des sites miniers, dans l’oued Tighza dont le cours s’achemine, via l’oued Bou Regreg sur plus de 150 km, jusqu’au barrage de Rabat (où cette eau est utilisée pour l’eau potable) et constitue donc un danger pour la santé de la population.