Contribution à l’étude des paramètres physicochimiques, phytoplanctoniques et bactériologiques du réservoir Dayet Aoua (Moyen Atlas Maroc)

Abstract

Le présent travail consiste à évaluer les caractéristiques physicochimiques, phyto et bactérioplanctoniques du lac Dayet Aoua (province d’Ifrane), par l’étude des variations saisonnières et diurnes. Une série de 23 campagnes de prélèvements a été réalisée à l’entrée, à la sortie et au milieu du lac (au point le plus profond 5,3m) à différentes profondeurs (0m, 1m, 2m et 4m). Les paramètres physicochimiques, ne montrent aucun signe de pollution organique. Les faibles concentrations, en sels nutritifs (azote et phosphore) permettent de classer notre écosystème comme un lac oligotrophe. Les eaux sont claires (transparence totale), alcalines, bien oxygénées jusqu’au fond et pauvres en matière organiques. La communauté bactérienne dans ce lac, est composée essentiellement de cellules libres sphériques. L’abondance bactérienne est comprise entre 2,8 et 9,3 x 106 cellules.ml-1 avec une moyenne sur l’ensemble des prélèvements de 6,3 x 106 cellules.ml-1 (σ = 1,6 x 106 cellules.ml-1). L’étude qualitative sur la communauté phytoplanctonique révèle que les espèces les mieux représentées appartiennent aux Cryptophycées (Cryptomonas ovata et C. marsonii, Mallomonas fastigata, M. accaroides), aux Chlorophycées (Oocystis lacustris, O. solitaria, Monoraphidium sp., Ankistrodesmus falcatus, Scenedesmus sp., Sphaerocystis schroeteri, Crucigenia rectangularis,..), aux Zygophycées avec des espèces du genre Cosmarium. Pour les cyanobactéries les espèces appartiennent principalement à Oscillatoria et à Anabaena. Il est important de noter une absence presque totale des Diatomées dans la composition phytoplanctonique. Cette absence est justifiée par des teneurs très faibles des eaux en silice La densité et la biomasse de cette communauté phytoplanctonique sont faibles et ont varié de 0,6 x104 à 6,7 x104 cellules.L-1 avec une moyenne de 2,69x104 cellules.L-1 pour la densité et de 2,32 à 89,5 μg.L-1 avec une moyenne 25,08 μg.L-1 pour la biomasse. Les valeurs de la production primaire sont très faibles et ont fluctué entre 2,8 et 220 μg d’O2.L-1.h-1. Les faibles densités phytoplanctoniques, obtenues en été, coïncident avec une prolifération du zooplancton, ce que laisse penser à une relation trophique entre ces deux communautés planctoniques. Nos résultats témoignent de l'état d'équilibre de notre écosystème, c’est-à-dire que le phytoplancton est consommé au fur et à mesure qu'il est produit, ce qui aboutit à la clarification des eaux notamment en période estivale. L’examen des résultats de l’étude diurne montre que les paramètres physicochimiques ne présentent aucune tendance structurale bien définie, exceptés l’oxygène dissous et le carbone inorganique. Les variations spatiotemporelles au cours de la journée de la production primaire suivent l’évolution de la chlorophylle a et de l’abondance phytoplanctonique. La Cryptophycée Cryptomonas marssonii prédomine en terme d’abondance alors que Cryptomonas ovata domine en terme de biomasse pour la communauté phytoplanctonique. Les fortes densités et biomasses algales observées dans notre milieu, sont liées à des migrations des micro-algues flagellés et non à des multiplications des cellules. Pour la communauté bactérienne, ce sont les bactéries sphériques libres qui prédominent abondamment. L’abondance bactérienne marque, parallèlement aux densités phytoplactoniques, ses valeurs élévées au milieu de la journée, ce qui peut être liée aux excrétions des algues et du zooplancton. Les faibles densités bactériennes à 8h et la diminution en fin de la journée, constituent la régulation par prédation du zooplancton et des phytoflagellés. En somme, les résultats de cette contribution selon le modèle de l’OCDE (1984) montrent que le lac a subi un rajeunissement après la dernière remise en eau de 2008 et son état de trophie est oligotrophe. Les résultats relatifs aux teneurs en éléments nutritifs (N et P) et en éléments minéraux à l’entrée et à la sortie du lac font de ce dernier un milieu « tampon ».